Association Universelle des
Amis de Jeanne d'Arc



Statue

Fondée en 1953.

Le général Weygand en assure dès le début, une présidence d'honneur active et efficace.

 

But de l'association

Présenter une image complète et exacte de Jeanne d'Arc dans un esprit strictement culturel

Son action Recherche, Diffusion Liaison avec les pays étrangers


La Jeanne d'Alger est à Vaucouleurs (Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui N 80 Juin 1997)
Jeudi, 05 Avril 2012 12:56

La revue « Pieds-Noirs d’hier et d’aujourd’hui » dans son n° 80 de Juin 1997, donnait tout le détail de l’histoire de la statue de Jeanne d’Arc, que nous avons admirée devant l’Hôtel de Ville, lors de notre passage à Vaucouleurs, le 24 Mai dernier.



Cet article nous a été communiqué par un membre Toulousain de l’Association.



La Rédaction.


La Jeanne d’Alger est à Vaucouleurs



« … et sous la statue de Jeanne d’Arc, place Laferrière où se tenaient les camelots et leurs journaux choisis (Aspects de la France, Rivarol, qu’est-ce-que j’en sais ?), bien souvent il nous fut imposé de faire le coup de poing ».

Albert Bensoussan-Frimaldjesar



A Alger, en 1936, un comité se constitua pour élever une statue à la gloire de Jeanne d’Arc. Bône avait une Jeanne au bûcher, sculptée par Réal del Sarte, inaugurée le 15 mai 1931, Philippeville ne tarderait pas à avoir la sienne… Alger ne pouvant être en reste se devait de faire mieux et le fit. C’est le sculpteur Halbout du Tanney, ancien pensionnaire de la villa Abd-el-Tif, qui fut choisi. Il travailla à Alger et exécuta un modèle au quart d’exécution dans une salle de la caserne des Chasseurs transformée pour l’occasion en atelier.



Il créa une Jeanne guerrière, toute cuirassée, des poulaines aux gantelets, et présentant à bout de bras une épée nue dont la poignée forme croix. De cette gangue de fer seule émerge la tête avec ses cheveux coupés court qui lui font comme une espèce de casque. Du visage aux lignes pures se dégage une profonde résolution en même temps qu’un grand calme intérieur. Jeanne monte un destrier puissant, véritable machine de guerre pleine de force, un étalon que l’artiste étudia chez un éleveur normand de la région caennaise, région dont Halbout du Tanney est originaire.



Le modèle en terre fut exécuté à Paris en 1939. La guerre vint contrarier le projet et la fonte fut en partie réalisée clandestinement chez Hohwiller, fondeur à Paris. Terminé après la guerre, le bronze fut exposé au salon des Artistes français en 1946. L’œuvre fut jugée comme étant la meilleure des représentations de Jeanne d’Arc. Elle fut expédiée à Alger l’année suivante et installée face à la Grande Poste, dans l’un des squares en gradins formant le boulevard Laferrière. Elle fut solennellement inaugurée le 6 mai 1951, à l’occasion du cinq cent vingtième anniversaire de la mort de Jeanne d’Arc, par la municipalité dont le président était M. Gazagne.



Les amicales des différentes provinces de France existant à Alger avaient coutume de venir déposer des gerbes de fleurs au pied du monument le jour de la fête de Jeanne d’Arc.



Au moment de la déclaration de l’indépendance, la statue ne fut pas démontée. Après tout, Jeanne était une héroïne de l’indépendance qui avait combattu au XVème siècle une certaine forme d’impérialisme et, à ce titre, elle pouvait être « acceptée » par les Algériens. D’’ailleurs, au cours de la guerre, certains nationalistes avaient tenté de déposer des gerbes de fleurs devant les statues des « Jeanne » d’Algérie notamment à Philippeville.





Le 3 Juillet 1962, les manifestants fixèrent un drapeau F.L.N. sur l’épée de Jeanne. Ce n’était qu’un début. Le 4 Juillet « la foule qui se pressait autour du monument improvisait des danses frénétiques rythmées par le battement des mains et les youyous stridents des femmes en haïk ».



Elle fut alors « mouquérisée » à l’aide d’un haïk blanc, le visage, bien entendu, voilé… Il ne faut pas confondre indépendance des peuples et libération de la femme ! Plus tard, un écriteau fut suspendu au cou du cheval avec pour inscription « Hassiba bent Bouali », nom de la militante F.L.N. condamnée à mort en 1957 et seule femme à avoir été exécutée.



Un mois plus tard, le vendredi 3 Août, Ben Bella entrait à Alger, et les habitants organisèrent une bruyante réception. La nuit du vendredi au samedi fut extrêmement agitée. Les derniers monuments français encore en place en firent les frais. Vers quatre heures du matin des manifestants munis de grosses cordes, aidés par des voitures, renversèrent les deux tonnes et demie de la statue, puis ils décapitèrent Jeanne et coupèrent le bras droit qui tenait l’épée symbole de la croix. La statue mutilée et sens dessus-dessous resta ainsi quarante-huit heures. Les journalistes la photographièrent et leurs clichés parurent dans la plupart des journaux de France.



Dans la nuit du 5 au 6 Août des militaires français du Génie emportèrent la statue pour la mettre dans un de leurs dépôts.



Un matin de mars 1963, le sergent Robert, occasionnellement manutentionnaire d’engins de levage lourd, fut appelé à Fort-de-l’Eau pour embarquer la statue, à l’aide d’une grue Garwood de vingt tonnes, dans une péniche de débarquement. Trois généraux et bon nombre d’officiers assistèrent à l’opération. La jetée était très étroite, le fardeau bien volumineux, le grutier assez inexpérimenté… belle

conjoncture pour attirer les incidents. En effet, une fausse manœuvre faillit envoyer la statue par quelques brasses de fond. Seule une chance insolente fit que la grue qui basculait s’arrêta lorsque la flèche fut en contact avec la caisse contenant la statue. Il y eut un peu plus de casse, mais le plus gros était fait. Le L.C.T. de la marine emporta la statue au port d’Alger, quai Fedalah, où elle fut embarquée sur un cargo. C’était le Sidi-Ferruch, un « moutonnier »… quoi de plus naturel pour « l’antique bergère de Domremy » comme l’appela Charles Péguy ! Elle débarqua le 27 mai 1963 à Marseille.



Halbout du Tanney aurait bien aimé que sa statue fut attribuée à sa ville natale : Caen, mais il en fut autrement et la Jeanne d’Arc d’Alger partit pour Vaucouleurs. C’est à Vaucouleurs qu’avait débuté, le 23 février 1429, l’épopée de Jeanne d’Arc quand les habitants  de cette cité lui offrirent, pour son voyage à Chinon, un cheval et un équipement militaire. Cinq siècles plus tard, après une longue odyssée, c’est un cheval, un équipement et une effigie de bronze qui leur revenait. Le trajet Marseille-Vaucouleurs en chemin de fer fut exclu, à cause du gabarit il aurait fallu interdire une voie sur deux. Un transporteur de Nancy, Danzas, assura gratuitement le transport. Il avait connu et admiré la Jeanne à Alger. La restauration, assurée par souscription publique, s’effectua aux fonderies Derenne à Sommevoire. Les réparations furent facilitées grâce à la maquette que le sculpteur avait conservée. La statue a donc le même visage que celui qu’elle possédait à Alger. La statue équestre de la Jeanne d’Arc d’Alger a été inaugurée, à Vaucouleurs le 8 mai 1966 en présence de M. Pierre Messmer, alors ministre des Armées sous la présidence de M. Edouard Miquel et le parrainage de Madame Jacquinot.

Documentation Maître Halbout du Tanney

Et Mr Jean Bercot.