Envoi de Monsieur BROCAS, de Paris :
« Je me permets de communiquer à votre association ces vers de notre génial Malherbe
(1555-1628) concernant notre très grande française et sainte : Jeanne la Pucelle. »
I) "Sur la Pucelle d'Orléans brûlée par les Anglais"
L'ennemy, tous droits violant
Belle amazone, en vous brûlant,
Témoigna son âme perfide ;
Mais le destin n'eut point de tort :
Celle qui vivait comme Alcide
Devait mourir comme il est mort.
II ) Sur la statue de la Pucelle qu'il ne faut point d'inscription
Passans, vous trouvez à redire
Qu'on ne voie ici rien gravé
De l'acte le plus relevé
Que jamais l'histoire ay fait lire,
La raison, qui doit vous suffire,
C'est qu'en un miracle si haut,
Il est meilleur de ne rien dire,
Que ne dire pas ce qu'il faut.
La raison classique pouvait admettre le surnaturel et l'histoire.
III) Le Père LE MOYNE (1602-1671)
Poète qui parfois savait être très talentueux, célébra lui aussi la sainte Pucelle d'Orléans.
Dans ce poème "la Pucelle, la Pucelle parle". (sonnet)
Fatale à l'Angleterre et fatale à la France,
De l'une j'abattis l'orgueilleuse fierté,
Et l'autre, par mon bras remise en liberté,
Vit son trône branlant appuyé de ma lance.
Le bûcher allumé contre mon innocence
N'en put, tout noir qu'il fût, noircir la pureté;
Et, contre les auteurs de cette cruauté,
La mort que je souffris fit plus que ma vaillance.
D'un cœur égal au cœur des plus fameux guerriers,
Je gardai de mon corps la fleur sous les lauriers ;
Je fus comme l'abeille et chaste et courageuse ;
Je piquai, les chassai les léopards anglais,
Et de mon aiguillon, vierge victorieuse,
Je défendis les lys qui couronnent nos rois.
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