Mademoiselle Claire Bommier, fidèle amie de Jeanne d’Arc a bien voulu nous relater son pèlerinage parisien en l’honneur de Sainte Jeanne d’Arc. Nous l’en remercions beaucoup et invitons les Amis de Jeanne d’Arc à se joindre à elle.
UN EXEMPLE A SUIVRE
J'ai fait un pèlerinage authentiquement parisien en l'honneur de Ste Jeanne d'Arc.
L'idée m'en ai venue après m'être aperçue que l'année 2005 était strictement la même année que celle de 1429, celle qui a vu l'irruption glorieuse de notre héroïne nationale dans l'Histoire. En effet, ces deux années sont, jour pour jour, les mêmes ; tant sur le plan du calendrier des jours et des mois, que sur le plan liturgique. Ainsi, le jour de l'Ascension était en 1429, le jeudi 5 juin, tout comme pour notre année 2005.
Forte de cette découverte, j'ai relu avec un intérêt accru, le calendrier des jours héroïques de 1429, surtout dans les mois de mai, juin, juillet. Ma lecture se poursuivait jusqu'au mois de septembre de la même année où Ste Jeanne d' Arc trouve son premier échec devant les murs de Paris, notre ville.
J'ai été prise alors d'un désir de manifester à notre amie et grande sœur nationale, aujourd'hui dans la gloire de Dieu, une certaine façon de réparer cette faute que notre capitale a envers elle.
A quoi bon lui dire notre fidélité si nous ne savons pas trouver certains gestes ? si, nous ne savons pas nous mettre en peine, elle qui a été au bout du don d'elle-même dans un sacrifice suprême ?
Nous étions fin avril ; dans un mois, la France allait devoir se rendre aux urnes pour engager son avenir dans une perspective de renoncement quasi total à toute prétention de souveraineté nationale (référendum sur la Constitution européenne). Son existence politique, économique, culturelle, intellectuelle ne lui appartiendrait plus, mais serait remise à une autorité supranationale où sa voix n'avait que le droit d'être représentée. Cette perspective était tellement similaire à celle du honteux traité de Troyes, que je ne pouvais pas ne pas mettre Ste Jeanne « dans le coup ».
Etant personnellement, par ailleurs, engagée dans un combat militant, je m'étais aperçue que trop volontiers la question religieuse dans les débats politiques était traitée non comme un choix politique, mais personnel, exclusivement privé. Je trouvais dans cette position une bonne part de lâcheté et d'aveuglement, quand ce n'était pas de l'ignorance, ou un combat idéologique.
Forte de toute cette réflexion, l'idée m'est venue de faire un geste qui signifierait à la
fois une réparation de l'échec de Ste Jeanne d'Arc devant Paris et une prière pour notre patrie et pour tous ceux qui se battent pour son existence, son honneur et sa vitalité morale.
C'est alors que j'ai fait un pèlerinage; à pied, cela va sans dire. Je suis partie de St Denis-La-Chapelle, lieu de dévotion populaire au temps de Sainte Jeanne d'Arc pour Saint Denis et lieu choisi par elle, pour être son camp retranché en vue de prendre Paris. Je voulais me rendre à l'emplacement précis où notre héroïne a été blessée devant la Porte Saint Honoré d'alors. Cela se situe aujourd'hui au niveau du 161- 163 de la rue du même nom, dans le premier arrondissement. Une plaque a été sculptée dans la façade de ces immeubles pour commémorer l'événement. Aujourd'hui, elle se trouve au-dessus de deux commerçants qui sont l'office du tourisme marocain pour l'un, et un restaurant japonais pour l'autre. Sainte Jeanne au-dessus du Maroc et du Japon, voilà un beau clin d’œil de la Providence, elle qui voulait partir en croisade et faire connaître le nom de Jésus au bout de la terre !
Mon trajet avait été préparé et programmé pour être interrompu d'arrêts réguliers dans des églises et y réciter une dizaine du chapelet devant la statue de Ste Jeanne d'Arc. La dizaine était précédée d'une méditation du père Guy LOINEAU, que j'avais découverte dans votre revue au numéro 174 (Troisième trimestre 2002) .
Comme il y a cinq dizaines dans un chapelet, j' ai trouvé cinq églises où la seule condition qui devait être respectée était que l'église soit ouverte et possède une statue de Sainte Jeanne d'Arc. J'ai, à ce propos découvert malheureusement que toutes les églises parisiennes ne sont pas détentrices de cette statue. Il y aurait peut-être, d'ailleurs quelque chose à faire là-dessus.
Je suis donc partie de Saint Denis-La-Chapelle, dans le XVIIIème Paris.
J'ai fait une petite prière devant la statue de notre sainte qui, dans cette église, la représente sur le bûcher .
Descendant la rue de la Chapelle, je me dirige vers mon deuxième lieu de recueillement : l'église Saint Bernard, en prenant la rue J.F. Lépine en traversant les voies ferrées de la gare du Nord.
Partant de Saint Bernard, je me rends à Saint Vincent de Paul en prenant la rue Pierre l'Ermite, la Charbonnière, de Chartres, et après avoir traversé le Boulevard de la Chapelle, je m'engage dans le Xème arrondissement par la rue de Maubeuge. La rue de Compiègne, puis la rue de Belzunce finissent de m 'y conduire.
Voulant me rendre comme prévu à l'église Saint Eugène-Sainte Cécile, j' empreinte la rue Lafayette, puis du faubourg Poissonnière et enfin Sainte Cécile. Mais, là, devait, m'attendre un imprévu total : l'église était fermée.
Qu'à cela ne tienne! Sainte Jeanne a eu elle aussi bien des mauvaises surprises et désagréments. Ce contre-temps me fâchait, car je suis une habituée de cette église et la connaissant bien, je n'avais pas cru utile de bien vérifier ses horaires d'ouverture, d'autant plus que l'heure de mon passage ne faisait aucun doute sur cette question : samedi à 18h00. Finalement, Paris ne manquant pas d'églises, la solution était vite trouvée.
Je prends la rue du Conservatoire, Bergère, Rougemont, le Boulevard Poissonnière, la rue du Sentier, de Cléry, du Mail pour me rendre à la basilique Notre Dame des Victoires. J'en étais à ma quatrième méditation et dizaine de chapelet.
Il me suffisait de continuer dans le 1er arrondissement en prenant la rue des Petits Pères, des Petits Champs, Richelieu, place André Malraux, puis lieu final et but de mon pèlerinage : la rue Saint Honoré .
Là, je prends le temps de relire sur le livre de Régine Pernoud « Jeanne d'Arc, par elle-même, et par les siens » le passage relatant sa blessure à la Porte Saint Honoré, qui était dans la ceinture des remparts limitant la ville. Je prends le temps au milieu du passage incessant des piétons et voitures autour de moi, de réaliser ce qui s'est passé là, il y a quelques siècles. Je réalise au milieu de ce brouhaha quel devait être celui qui entourait notre Sainte, celui du combat et celui qui était dans son esprit. Depuis tant de temps attendait-elle ce moment-là : être devant Paris, prendre Paris! Et Paris la refuse, et Paris la blesse, et Paris l'humilie! Et après Paris, le roi qu'elle venait de faire sacrer! et sa cour, et l'armée! Suivie et soutenue encore par quelques-uns des siens, ce sera bientôt Compiègne, puis Beaurevoir et Rouen! Mais tout a commencé là, rue Saint Honoré. Et pourtant, n'en déplaise à tous ceux qui prétendent le contraire, Paris faisait bien partie de sa mission céleste. Elle n'a jamais cessé de la répéter : à Vaucouleurs, Poitiers, Orléans...
Je terminais mon chapelet dans l'église Saint Roch, proche de là. Cette dernière station imprévue dans cet endroit ne pouvait pas me faire oublier que quelques siècles après Sainte Jeanne d' Arc, des militants pour le retour à la royauté en France ont été fusillés sur les marches de cette église...
Si Henri IV a dit « Paris vaut bien une messe », aujourd'hui, on peut penser que Paris vaut bien de se souvenir de notre sainte héroïne, et peut-être un peu plus que par l'édification de statues et de commémorations solennelles. Bien que celles-ci soient indispensables, elles ne sont pas suffisantes.
La mission céleste de Sainte Jeanne ayant été enrayée par Paris, n'est-ce pas Paris qui doit s'amender et faire pénitence ? multiplier les recours envers elle ? l'invoquer et lui demander les grâces nécessaires pour poursuivre sa mission ?
Claire BOMMIER.
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