LA BASILIQUE SAINTE JEANNE D'ARC A PARIS
Pour en connaître l'histoire, il suffit de se reporter à la collection des bulletins de l'Association Universelle.
Dès octobre 1954, dans son cahier N° II l'association déclarait :
"...s'être assignée deux objectifs immédiats et à caractère urgent.
- aider à l'achèvement de la Basilique Nationale promise par le vœux du 13 septembre 1914...."
Le 13 Septembre 1914 est la date de la confirmation par l'Archevêque de Paris du vœu conditionnel de son Vicaire Général.
Le R.P. Kraemer (1) nous en détaille l'historique dans le bulletin n° 45, d'avril 1964.
PARIS EN PERIL
Au début de septembre 1914, l'attaque de la 1ère armée allemande sur Paris, mettait la capitale de la France en grand danger. A Compiègne, dès le 2 septembre, l'ennemi annonçait son entrée dans Paris pour le 4. L'avant-garde n'était qu'à 50 km. On entendait le bruit du canon. Le gouvernement s'était replié sur Bordeaux et ordre avait été donné aux troupes de se retirer derrière la Seine. Galliéni, gouverneur militaire chargé de défendre la capitale avait reçu ordre de miner les ponts. A Paris, les églises étaient pleines. Les foules venaient demander à la bienheureuse Jeanne d'Arc et à sainte Geneviève d'intercéder auprès
de Dieu et de Notre-Dame en faveur de la France. C'est dans cette ambiance de panique, de détresse, d'attente angoissée qu'il faut situer le vœu qui est à l'origine de la nouvelle église dédiée à sainte Jeanne d'Arc à Paris. Sans ce vœu, cette église ne serait pas ce qu'elle est, ce qu'elle représente de particulièrement respectable parmi tant d'autres églises plus anciennes ou plus riches de trésors artistiques.
LE VOEU FORMULE A MONTMARTRE
Le 4 septembre 1914 a été le jour le plus angoissant de la guerre. C'était le premier vendredi du mois. En l'absence du cardinal Amette, retenu à Rome par le conclave qui élut Benoît XV, Mgr Odelin, vicaire général, célébrait la messe au Sacré-cœur de Montmartre. Après la messe, dans la chapelle des armées, dédiée à saint Michel et à la bienheureuse Jeanne d'Arc, il fit vœu d'élever une église à Jeanne d'Arc, à Paris, si la capitale était épargnée. Il s'agissait d'un vœu conditionnel fait au nom du cardinal absent. L'intention de Mgr Odelin était de soumettre ce vœu à l'approbation de l'archevêque de Paris, dès son retour de Rome. Le vœu formulé par Mgr Odelin, un premier vendredi du mois, dans la basilique votive du Sacré-cœur de Montmartre, a sa vrai source dans le Cœur infiniment miséricordieux du Christ ému par les malheurs de la France. Il est remarquable que le jour même où ce vœu était formulé à Montmartre...
(1) Le R.P. Kraemer, vicaire à Saint Denys la Chapelle, a été directeur de la Confrérie Sainte Jeanne d'Arc, érigée canoniquement le 1er Mai 1922 dans la vieille église de Saint Denys la Chapelle. Il a souvent écrit pour nos bulletins et il organisait, le 7 de chaque mois, une veillée de prières à la basilique Sainte Jeanne d'Arc.
"Le général Galliéni, après avoir poussé ses reconnaissances de cavalerie avant le jour, donnait à l'armée de Paris l'ordre de marche vers l'est pour saisir les forces ennemies en flagrant délit de manœuvre au moment où elles glisseraient devant son front.
A 22 heures, au moment où toutes dispositions préliminaires étaient prises, arrivait du G.Q.G. l'annonce que l'offensive était décidée pour le 6 septembre au matin".
LE VOEU RENOUVELE A SAINT-DENYS-DE-LA-CHAPELLE
Le dimanche 6 septembre, les paroissiens de Saint Denys de la Chapelle célébraient le 485ème anniversaire du passage de Jeanne d'Arc à la Chapelle. L'abbé Margand, curé de la Plaine-Saint-Denis (paroisse Sainte-Geneviève), prêcha après vêpres. Au cours de son sermon, il s'écria : "De même qu'en 1870, on a fait vœu d'élever la basilique du Sacré-Cœur, prenons l'engagement solennel d'élever en ce lieu une basilique à Jeanne d'Arc si Paris n'est pas touché par les armées allemandes." Alors, chose inouïe à Saint-Denys-de-la-Chapelle, toute l'assistance explosa en applaudissements prolongés. Le "Figaro" du 7 septembre 1914 relate le fait et le souligne, en ajoutant : "c'est un engagement d'honneur. Paris voudra le tenir."
Le fait est là, indéniable et inexplicable du seul point de vue humain : dès l'instant où le Vœu a été formulé à Montmartre et renouvelé à Saint-Denys-de-la- Chapelle, l'avance allemande a été brutalement bloquée. Certes, la vaillance de nos soldats a tenu son rôle dans le succès de la contre-attaque, le Général Von Klück, commandant la 1ère armée allemande, l'a reconnu en ces termes et en a été émerveillé : "Que des hommes couchés, à demi morts de fatigue se relèvent et attaquent au son du clairon ; voilà une chose que l'on ne nous avait pas appris dans nos écoles de guerre." Mais la prière fervente des croyants qui ont fait confiance à l'intervention rapide de la bienheureuse Jeanne d'Arc a, elle aussi, elle surtout, été cause déterminante d'un pareil retournement des choses.
Le 9 Septembre 1914, le cardinal Amette, retour de Rome, est informé du vœu pris en son absence et en son nom par son vicaire général. Il répond qu'il réfléchira avant de rendre ce vœu officiel et définitif.
LE VOEU FORMULE A NOTRE-DAME DE PARIS
Le dimanche 13 Septembre 1914, la victoire de la Marne était acquise. Joffre l'avait annoncé deux jours auparavant, mais la bataille continuait sur un front de 180 km et la guerre était loin d'être gagnée. Ce jour-là, le cardinal Amette présidait à Notre-Dame de Paris la procession des reliques des Saints de France. Trente mille fidèles se pressaient dans la cathédrale, sur le parvis et dans les rues avoisinantes. S.E. invita ses diocésains à persévérer dans la prière pour le salut de la patrie. L'adversaire essayait de se ressaisir et un retournement de la situation était toujours à craindre. A la fin de la cérémonie, l'archevêque de Paris monta en chaire et, répondant au vœu secret de la foule, il dit :
"Depuis le commencement de la guerre plusieurs ont exprimé la pensée de promettre par vœu l'érection d'une église à Jeanne d'Arc, dans la capitale, pour obtenir la victoire. Nous avons devancé ce désir puisque depuis plusieurs années déjà, nous avons résolu de construire à Paris une église à Jeanne d'Arc. Eh bien, aujourd'hui, je fais vœu de poursuivre au plus tôt la construction de cette église et de la dédier à la bienheureuse Jeanne d'Arc, en ex-voto commémoratif pour le salut et le triomphe de la France."
Après la guerre, en 1919, le Cardinal Amette confirma publiquement son vœu.
Il rappela que Pie X, en son temps, avait bien voulu lui permettre, par une rare infraction aux règles liturgiques, de dédier une église à une simple bienheureuse. "Nous canoniserons Jeanne d'Arc, avait dit le Saint-Père, avant que l'archevêque n'ait eu le temps de lui élever son église." L'année suivante, en effet, le 16 mai 1920, Benoît XV, qui avait succédé à Pie X, déclarait Jeanne d'Arc, sainte.
Plusieurs emplacements ont été envisagés pour la basilique, jusqu'à ce que le 1er décembre 1922 l'abbé Georges Derroitte, curé de Saint- Denys-de-la-Chapelle, demande au Cardinal Dubois qu'elle soit érigée sur sa paroisse, dont l'église était la seule à Paris où Jeanne soit venue veiller, prier et communier les 7 et 8 septembre 1429 et où, blessée, elle avait été ramenée.
L'église existante de Saint-Denys étant trop petite pour les besoins de la paroisse, la proposition fut acceptée avec l'intention d'adapter les bâtiments aux nécessités du moment.
Un terrain tout proche de l'église et dans le prolongement de l'Ecole Paroissiale de Garçons est acheté par l'archevêque. La question se transforme. Il s'agit maintenant pour la paroisse d'acquérir un terrain en vue de la construction d'une école paroissiale, plus grande elle aussi pour satisfaire aux impératifs d'une communauté en progression.
Des questions financières (ressources locales) ou historiques (Deuxième Guerre Mondiale) retardent la réalisation des projets, malgré quelques sursauts qui prouvent la persistance de la volonté d'aboutir, et que marquent néanmoins certains résultats tangibles. L'Ecole de la Madone sera inaugurée le 27 Mars 1955.
Pour reprendre le cours des événements intéressant seulement la basilique, un concours a été lancé en 1926 et le projet de l'architecte Closson est retenu.
Le 7 Juin 1929 la première pierre est posée et bénie par le Cardinal Dubois.
La Bénédiction Apostolique, demandée au Pape Pie XI par le Cardinal Verdier, est accordée à tous ceux qui, d'une façon ou d'une autre, participent à cette oeuvre.
Le 8 Mai 1932, le Cardinal Verdier vient bénir le chantier.
Trois ans plus tard, le 12 Mai 1935, il bénit et ouvre au culte le premier tiers du projet, réalisé.
Malgré quelques spasmes, les travaux ne reprennent pas avant Mars 1955 et l'inauguration de l'Ecole de la Madone.
Un effort financier considérable est entrepris avec une collecte étendue à toute la France.
Malgré quelques signes d'espoir, les épreuves ne sont pas terminées.
Le projet Closson est jugé beaucoup trop onéreux. Il était, à vrai dire, colossal.
Monsieur ISNARD, architecte, en présente un nouveau, dont le permis de construire fut délivré le 22 Décembre 1959.
Le 13 Mai 1962, le Cardinal Feltin bénit la crypte : Salle Jeanne d'Arc, destinée à être la salle paroissiale.
L'inauguration de la Basilique Sainte Jeanne d'Arc a enfin lieu en 1964, cinquantenaire du vœu et de la victoire de la Marne.
Le 10 Mai 1964 elle est consacrée par le Cardinal Feltin.
Les vitraux ont été créés par le Maître Verrier Léon Zack et le 13 Mai 1962, l'architecte Monsieur Isnard, pendant la visite du chantier avec le cardinal Feltin, définissait ainsi ses vues:
"Le parti adopté pour cette construction devait répondre à deux impératifs : glorifier l'héroïne nationale et permettre à la communauté paroissiale de se grouper dans un cadre répondant à ses besoins spirituels tout en lui permettant d'ouvrir ses rangs aux fidèles venant en pèlerinage à ce sanctuaire national".
"Pour parvenir à ce double but, nous nous sommes souvenus des anciennes basiliques chrétiennes qui dès l'origine étaient précédées d'un narthex où incroyants et catéchumènes trouveront rassemblés les souvenirs et les leçons d'une humble fille de Lorraine.
Là se grouperont les paroissiens et les pèlerins avant et après les offices. Sur les murs latéraux, sous les grandes rosaces seront illustrées les vertus de la Sainte. Sur le grand mur du fond, au-dessus des grandes portes qui donneront accès à la basilique, Jeanne d'Arc sera représentée dans la gloire entourée des saints de France, du cortège de ceux qui ont souffert et sont morts, et de ceux qui, reconnaissant son rôle providentiel, lui dédient ce monument en signe de reconnaissance pour le passé et de confiance pour l'avenir".
En toute équité, nous devons souligner l'action permanente, soutenue et efficace par laquelle l'Association Universelle des Amis de Jeanne d'Arc s'est associée au projet d'érection d'une basilique vouée à Sainte Jeanne d'Arc et à sa réalisation. Tous ses membres, par leurs fonds personnels, par leur participation aux collectes et aux campagnes d'information comme par leur influence auprès des détenteurs de la décision, ont constamment soutenu l'effort et la persévérance qui ont mené au succès.
Depuis 1928 les Missionnaires du Sacré Cœur, d'Issoudun, desservaient la paroisse.
Ils ont joué aussi un rôle prépondérant dans la réalisation du vœu du Cardinal Amette.
La Communauté du Chemin Neuf, dont le siège est dans la Montée du Chemin Neuf à Lyon, viendra remplacer les Missionnaires du Sacré Cœur en 1995.
Née en 1973, la Communauté est catholique à vocation oecuménique. Y sont engagés des membres de différentes églises (catholiques, réformés, évangéliques, orthodoxes).
L'église Saint-Denys-de-la-Chapelle, en raison de son âge, appartient à l'état depuis 1905. Et pour la même raison, la basilique était, elle, à la charge de la paroisse. Mais les Missionnaires, donc avant 1995, en ont fait don à la ville de Paris.
J. de La Ville Baugé.
Renseignements :
Eglise Saint Denys de la Chapelle 16, rue de la Chapelle PARIS 18ème
Tél : 01.56.07.54.31
Métro : Max Dormoy - ligne 12 -
Messes :
Horaires d'hiver
lundi et mardi : 8h00
mercredi et vendredi : 12h15
jeudi et samedi : 18h30
dimanche : 10h30
N.B. :
Chaque année, la paroisse organise la "veillée" anniversaire de la nuit passée en prières par Jeanne d'Arc, dans l'église, avant l'attaque de Paris.
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