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 Si l’authentique Jeanne d’Arc reste, sur bien des points, une énigme tant pour les historiens que pour les  théologiens, le personnage lui-même n’a cessé de fasciner. Guérillero, patriote ou sainte, républicaine ou royaliste,  laïque ou catholique, agent secret, martyre, victime d’imposture ou d’hallucinations, la Pucelle d’Orléans a été  accaparée de tous côtés. Dès l’invention d’Edison et des frères Lumière à la fin du XIXe  siècle, cette fascination  s’est transmise à la caméra. Les spectateurs se souviennent bien sûr de Renée Falconetti, d’Ingrid Bergman, de  Jean Seberg, de Sandrine Bonnaire et, récemment, de Milla Jovovich. Mais c’est le dessus du panier. Qui sait  que la vaillante Lorraine a été incarnée plus de cent fois sur le grand et le petit écran  ? Parmi ses interprètes, on  découvre Alida Valli, Hedy Lamarr, Michèle Morgan, Julie Harris, Liselotte Pulver, Geneviève Bujold, Marthe  Keller. L’industrie cinématographique l’a maintes fois récupérée idéologiquement  : Adolf Hitler en a fait le porte- drapeau de la révolution nationale-socialiste, et même le cinéma soviétique s’est penché sur la bergère en armes.  En plus des longs métrages de cinéma, cet ouvrage réunit pour la première fois les quelque 70 téléfilms et  dramatiques que la télévision a consacrés à Jeanne dans le monde entier. Le petit écran véhicule notamment des  images de Jeanne provenant des adaptations littéraires, de l’opéra, du musical, du ballet, du cinéma expérimental  et même du dessin animé  !  C’est cette galerie polychrome et polymorphe, miroir combien révélateur de notre  temps, que ce livre déchiffre en étudiant la genèse, les motivations, le tournage et l’accueil des films, sans oublier  le contexte politique ou artistique qui les a vus naître et qui a présidé à leur réalisation. La représentation de la  chronique médiévale se confond ainsi inextricablement avec l’histoire contemporaine.  Hervé Dumont, né en 1943, directeur de la Cinémathèque suisse à Lausanne de 1996 à 2008, est l’auteur de  plusieurs monographies de cinéastes telles que Robert Siodmak, le maître du film noir, William Dieterle ou Frank  Borzage, Sarastro à Hollywood (Prix Simone Genevois, Paris 1993), ainsi que d’une encyclopédique Histoire  du cinéma suisse, 1896-1965 (Prix de la critique historique du cinéma, Perpignan 1988). Son récent ouvrage,  L’Antiquité au cinéma. Vérités, mensonges et manipulations, a obtenu le Prix du Syndicat français de la critique de  cinéma (2009). ISBN: 978-2-8289-1270-3 FAVRE  Jeanne d’Arc – de l’histoire à l’écran      Hervé Dumont 
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