Association Universelle des
Amis de Jeanne d'Arc



Statue

Fondée en 1953.

Le général Weygand en assure dès le début, une présidence d'honneur active et efficace.

 

But de l'association

Présenter une image complète et exacte de Jeanne d'Arc dans un esprit strictement culturel

Son action Recherche, Diffusion Liaison avec les pays étrangers


La statue de Jeanne d'Arc à Cannes
Jeudi, 05 Avril 2012 13:16



LA STATUE DE JEANNE D'ARC A CANNES



Ces deux dernières années, les bulletins de l'association ont relaté, le moment venu, la célébration de la fête nationale de Jeanne d'Arc, devant la statue sculptée par Real del Sarte.



L'érection de ce monument, square Jean Hybert au bout du quai Saint Pierre, ne s'est pas faite sans peine.



Madame Nicot-Huchedé, déléguée régionale, s'est penchée sur les origines de la statue. Elle a recueilli une documentation sur les débuts de son histoire et sur son inauguration, dont voici l'essentiel.



Aux derniers jours de 1941, le docteur Pierre Bousquet, président du Comité des Fêtes et des Sports, flanqué de son secrétaire général, rend visite officiellement au maire de Cannes.



Une autorisation est, en effet, nécessaire pour le lancement d'une souscription publique qui permettrait la réalisation et l'installation d'une statue de Jeanne d'Arc, dans l'intention de concrétiser et de raviver le sentiment patriotique, particulièrement dans la jeunesse et selon la pensée exprimée par le Maréchal Pétain.



Maître Blanchardon, maire à cette époque, donne son accord avec enthousiasme et engage ses visiteurs à pressentir au plus tôt le sculpteur Real del Sarte pour lui commander une statue de l'héroïne, si possible à cheval.



Le 5 Janvier 1942, à la réunion du Comité des Fêtes, le Docteur Bousquet rend compte de l'initiative qu'il a prise, de la démarche à la Mairie et de son résultat.



Dans la discussion, l'idée est émise d'une inauguration le 10 Mai suivant. Il est plus sagement décidé que :



- le 10 Mai Jeanne d'Arc sera dignement fêtée. A cette occasion, la maquette sera présentée au public et la souscription, prévue pour durer un mois, sera lancée dans de très nombreux points d'inscription et soutenue par une très large information dans la ville.



L'emplacement à proposer au Maire sera : de préférence, le massif bordant le terre-plein de la Croisette, ou bien le centre du parterre du square Mérimée (1).



Le 11 Mars, poursuivant les formalités, le maire de Cannes sollicite du Préfet Régional l'autorisation d'ouverture de la souscription et se dit prêt, en cas d'accord, à présenter le projet de statue au secrétaire d'État chargé des Beaux Arts.



En effet, depuis une loi récente (N° 66 du 13 Janvier 1942), pour être élevé sur le domaine de l'État tout monument décoratif ou commémoratif et son emplacement doivent avoir obtenu l'approbation de cette administration. Dans sa correspondance, Maître Blanchardon fait état de l'acceptation de Maxime Real del Sarte.



Mais l'histoire, en cette année fatidique de 1942, mettait un terme à ces projets.



Repris, ils aboutiront néanmoins en 1950.



L'inauguration de la statue, effectivement due au ciseau de Real del Sarte mais pas équestre, eut lieu le dimanche 14 Mai, huit ans et demi après les premières démarches.


La fête de la Victoire de 1945 et la fête de Jeanne d'Arc, conjointes, sont annoncées dès la veille par la presse locale avec les indications précises des lieux et heures des dépôts de gerbes aux monuments aux morts, celles de l'hommage rendu à la Sainte de la Patrie avec l'inauguration de sa statue et aussi celles des bals publics qui prolongeront joyeusement dans la nuit ces manifestations patriotiques.



A ce programme s'ajoute l'invitation à venir très nombreux, adressée à leurs adhérents par les sections locales de cinq partis politiques (les mouvements de gauche s'abstiennent)



Un appel analogue de dix groupements d'anciens combattants et de médaillés convoque en plus les porte drapeaux et porte fanions.



Au début de la semaine suivante, les journaux rendaient compte du déroulement de la cérémonie et de l'enthousiasme des huit mille participants à la fête de Jeanne d'Arc parmi lesquels étaient citées de très nombreuses personnalités officielles et locales et malgré l'absence de Monsieur Ch. Antoni, le maire, momentanément indisponible mais fort bien représenté.



Les quotidiens mentionnaient la qualité des discours et l'émotion qu'ils suscitaient à l'évocation de la foi, du courage et du patriotisme de la Sainte et de l'Héroïne.



En fin de cérémonie et avant que la foule ne se disperse et ne vienne déposer des centaines de bouquets au pied de la statue, les élèves des écoles laïques avaient chanté la Marseillaise.



Cannes a vraiment vécu là une fête Nationale.



Par la suite, Jeanne d'Arc a encore été officiellement honorée et sa statue fleurie, sans que je puisse préciser la durée de cette période et la régularité des rassemblements au fil des ans.



Un seul écho m'est parvenu. Le bulletin n° 61 de l'Association Universelle fait brièvement état de l'hommage rendu en 1969, devant l' œuvre de Real del Sarte quai Saint Pierre, par Monsieur GUIGANS, l'adjoint au Maire, entouré de ses conseillers municipaux.

Une messe était dite ensuite à Notre Dame du Bon Voyage.



Puis, une année, vint le silence.



Alors qu'à notre époque, le "culte de la mémoire" est dans toutes les bouches (sinon dans les cœurs), il a fallu le courage et la persévérance de Monsieur Barbier pour rétablir une célébration publique annuelle du souvenir de Jeanne d'Arc (cf. bulletin n° 165).



L'exemple de Cannes fait ressortir pourtant la vitalité du sentiment de vénération due à la Pucelle chez les Français, même s'il est mis périodiquement sous le boisseau.



Engagé sous le régime de l'Etat Français, concrétisé après la victoire de 1945, rétabli voilà deux ans sur une initiative individuelle, le culte des Cannois pour Jeanne d'Arc renaît régulièrement.



Le renouveau de la ferveur johannique, ici ou ailleurs, s'accompagne souvent de la réaction saine contre une monopolisation de l'héroïne par des groupement de tout bord à des fins partisanes de propagande.



Ainsi, "Jeanne d'Arc appartient à tous les Français" titrait Nice-Matin le 15 Mai 1950, s'élevant contre la récupération lancée par Maurice Thorez et succédant à celle des maurrassiens.



Depuis, d'autres s'y sont essayés aussi.



Mais encore faudrait-il que ceux qui se montrent si virulents à critiquer ces mainmises n'abandonnent pas complètement le terrain à leurs adversaires et prouvent dans les faits qu'eux aussi tiennent à maintenir la présence de Jeanne d'Arc.  Car, plus que toute autre célébrité de notre histoire, elle reste impartialement un exemple pour chaque Français, même s'il la connaît mal dans son épopée comme dans ses vertus.



Si l'Église, d'ailleurs, a porté Jeanne sur les autels (enfin !) c'est bien qu'elle la propose comme modèle de vie quotidienne et spirituelle à tous les chrétiens du monde.



Et notre association, qui prétend aussi à l'universalité quoique d'un ton plus modeste, s'efforce de développer et de propager partout une information complète et exacte sur sa Patronne, afin de mettre en lumière ses richesses inépuisables, qui réclament en permanence étude et diffusion.



Il faut que chacun puisse se référer à Jeanne d'Arc mais en connaissance de cause.



Quoiqu'il en soit, il serait parfaitement utopique, à l'heure actuelle, d'imaginer que l'Éducation Nationale regroupe les écoliers pour leur faire entonner l'hymne national le jour de la Fête de Jeanne d'Arc, comme en 1950.



Mais il est quand même tout à fait regrettable que la municipalité actuelle de Cannes, contrairement à des habitudes encore récentes, ne reconnaisse plus la fête officielle et républicaine d'une héroïne proclamée nationale par une loi de la chambre des Députés de 1920. La Mairie devrait au moins se faire représenter en répondant à l'invitation régulièrement adressée par les organisateurs privés de la cérémonie du deuxième Dimanche de Mai. Ou mieux : en prendre l'organisation à son compte.



Dans ce cas, elle pourrait compter sur l'appui et la présence de ceux qui, jusqu'à maintenant ont consacré leurs efforts et leur dévouement au service de Jeanne d'Arc, à Cannes.





J. de La Ville Baugé.



(1) Ne connaissant pas les lieux, je ne peux dire si la situation actuelle, square Jean Hybert, diffère beaucoup de ces propositions.