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L'Assomption de Jeanne d'Arc
(30 mai 1491)
La victime, en pleurant" a vidé son calice;
La paix va succéder à l'effroi du. supplice.
En disant à la France un "émouvant adieu,
Jeanne a jeté ce cri, du fond .du cœur, vers Dieu :
« Jésus ! Jésus ! » Alors de la voûte éternelle
Un archange descend et se pose, près d'elle,
Sur le bûcher fumant. .De son front radieux
S'échappent .des éclairs, brillants reflets des cieux",
Qui mêlent leurs splendeurs pour tresser sa couronne :
La gloire du Très-Haut le couvre et l"environne.
Il vient pour recevoir le suprême soupir
De l'héroïque enfant qui va bientôt mourir.
Le crime est consommé. Ceinte d'une auréole,
L '.âme de Jeanne d'Arc triomphante s'envole.
Autour d'elle, en chantant, des Chérubins vermeils
Le chœur s'élance et prend la route des soleils,
Accompagnant leurs voix de la lyre sacrée.
Les Anges, souverains de la plaine éthérée
Où les astres, voguant à travers le ciel bleu,
Promènent fièrement le pavillon de Dieu,
Demandent en voyant, belle comme .l'aurore,
Cette âme à l’horizon monter, monter encore. :
« Elle porte un manteau tout empourpré de sang ...
Serait-ce une martyre, archange éblouissant ? »
L’archange répondit, en montrant un calice :
« Debout .sur le. bûcher ,. autel du sacrifice,
Je reçus .et comptai pour le ciel tous ses. pleurs.
Le Christ en a. formé des perles et des fleurs
Blanches comme le lis, rouges comme la rose,
Car l’épreuve est finie et la couronne éclose. »
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