Association Universelle des
Amis de Jeanne d'Arc



Statue

Fondée en 1953.

Le général Weygand en assure dès le début, une présidence d'honneur active et efficace.

 

But de l'association

Présenter une image complète et exacte de Jeanne d'Arc dans un esprit strictement culturel

Son action Recherche, Diffusion Liaison avec les pays étrangers


Jeanne d'Arc, une Sainte pour notre temps

Jeanne d’Arc, fille de Jacques d’Arc, est née à Domremy en Lorraine en Janvier 1412, quatrième enfant de la famille, après deux fils et une fille. Haute de taille, musclée et belle, elle n’en portait pas vanité.

Elle aimait aller prier la Sainte Vierge dans divers oratoires, assistait souvent à la messe et se confessait régulièrement. Elle était charitable envers tous. Elle connaissait parfaitement les difficultés du pays de France. En effet, chaque jour elle allait à l’école à Maxey, village passé aux Bourguignons. Les querelles étaient fréquentes chez les enfants entre les partisans des Armagnacs, défenseurs de Charles VII dauphin de France, et les Godons (surnom donné aux Anglais, alliés aux Bourguignons) qui poussaient Henri VI enfant, fils de Henri V, à monter sur le trône de France.

Or un jour d’été au milieu de la journée, Jeanne, âgée de 13 ans, se promenait dans le jardin de sa maison (on peut encore le visiter aujourd’hui à Domremy), lorsqu’elle entendit une voix près de l’église. Saint Michel Archange, que la France comme d’autres pays s’est choisie comme protecteur, lui parla simplement. (Jeanne, à son procès, dira de lui qu’il était entouré d’une légion d’anges).

Son message est simple : « Sois sage et bonne enfant, va souvent à l’église. Il faut que tu quittes ton village et ailles en France ». Saint Michel qui se présente à ses yeux sous la forme corporelle d’un beau chevalier lui prédit la venue de deux saintes qui lui diraient sa mission exacte de la part de Dieu le Père. Les deux saintes viennent en effet et l’appellent : « Fille de Dieu, fille de Dieu, il faut que tu quittes ton village et ailles en France. Prends l’étendard de par le Roi du ciel. Dieu t’aidera. Va ! Tu dois conduire le dauphin à Reims afin qu’il y reçoive son sacre » !

Saint Michel ordonne alors : « Fille de Dieu, va trouver le capitaine de Baudricourt à Vaucouleurs afin qu’il te donne une escorte et te conduise auprès du gentil dauphin. » A partir de ce jour, Jeannette, qui va bientôt porter définitivement le nom de Jeanne, n’appellera plus Charles VII que par le nom sympathique de « gentil Dauphin ». Avec l’aide de son oncle Laxart, elle rencontra le capitaine de Baudricourt. Après plusieurs refus, ce fier capitaine à qui elle révéla l’échec d’une bataille menée par les Armagnacs sous Orléans, avant que les messagers n’arrivent à Vaucouleurs pour le confirmer, accepta enfin de l’amener près de Charles VII.

C’est alors que l’on s’interrogea dans l’entourage de Baudricourt « sur le bon séant d’amener une jeune fille en habit de paysanne au milieu d’hommes de guerre, à travers une campagne peuplée de brigands et de violeurs ». Jeanne, mise au courant, s’écria : « volontiers, prendrai habit d’homme. » On fit une collecte à Vaucouleurs et c’est, revêtue de chausses et d’un pourpoint, que Jeanne dit adieu à toute la population réunie pour ce départ et pleurant d’émotion.

Voilà notre Pucelle partie vers Chinon, avec une escorte de quelques hommes dont le chevalier Jean de Metz et l’écuyer Bertrand de Poulengy qui lui resteront toujours fidèles par la suite. Nous sommes en février 1429. Arrivée à l’église Sainte-Catherine de Fierbois, Jeanne dicta une lettre au dauphin où elle l’assurait, pour justifier sa mission, qu’elle le reconnaîtrait au milieu de tous. Enfin, le 6 mars 1429 à midi, après 11 jours de chevauchée, Jeanne atteignit Chinon. Et deux jours après son arrivée, elle fut conduite auprès du Dauphin. Celui-ci se cachait au milieu de 300 courtisans. Elle alla droit vers lui. Charles VII était pourtant vêtu très simplement sans aucune distinction royale. Mais s’approchant de lui et s’agenouillant, elle lui dit : « Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle. Par moi, le Roi des cieux vous mande que vous soyez sacré et couronné en la ville de Reims, et serez le lieutenant du Roi des cieux qui est roi de France ». Aussitôt le dauphin la prit à part. Là, elle lui révéla trois choses qu’il avait dites en secret à Dieu, seul devant le tabernacle dans sa chapelle privée. Et Charles VII crut en elle.

Beaucoup ont essayé et essayent encore de diminuer la sainteté de Jeanne d’Arc, ou pire de la faire passer pour une illuminée, une ambitieuse qui aurait été la complice de Charles VII. (Une chose est sûre : elle n’était pas sa maîtresse !). En effet, sa virginité a été vérifiée par un examen spécial fait par de vénérables dames dont la reine de Sicile, la belle-mère du dauphin. Cet examen fut demandé par les docteurs de l’église résidant à Poitiers qui voulaient vérifier que Jeanne ne mentait pas en se faisant appelée « la Pucelle ».

Quant à être la complice du dauphin, on voit mal Charles VII prenant la décision de se faire aider par une jeune fille de la campagne, sans aucune instruction, ne sachant ni lire ni écrire, en espérant que sa seule virginité, ajoutée à l’ effet d’un « coup médiatique », suffirait à enthousiasmer les foules et les soldats au point de lui faire renvoyer les Anglais hors de France !

En fait, Charles VII, poussé par ses courtisans à la renvoyer, fait tout le contraire, ce qui montre sa probité. Il décide de la faire comparaître devant le parlement et l’université de Poitiers. Ce conseil, présidé par Régnaut de Chartres, conclura « qu’il ne fallait pas rejeter la Pucelle qui se disait envoyée de Dieu pour donner secours au roi et qu’il ne fallait point l’empêcher d’aller à Orléans afin qu’elle y montra le signe divin de ce secours, de peur de répugner à l’Esprit-Saint, mais qu’on devait l’y faire conduire honnêtement en espérant en Dieu ».

En réalité, une fois levé le siège d’Orléans et le dauphin sacré roi de France à Reims, Jeanne dérangera plutôt qu’elle ne réjouira celui qui lui devait tant. Car à partir de ce sacre, Charles VII aurait préféré composer avec tous ses ennemis, plutôt que de se battre pour conquérir de nouveaux territoires, d’où des trêves qu’il ne cessait de renouveler avec les Bourguignons. Tout son tempérament faible le portait à la diplomatie plutôt qu’à la guerre.

Pour sa défense, il faut dire que Charles VII était débonnaire et miséricordieux envers ses ennemis et prompt à pardonner. Aujourd’hui, on dirait de lui qu’il était d’une sensibilité proche de la sensiblerie et profondément indécis. Ce trait de caractère l’amena à des contradictions dans son action, défavorable envers la Pucelle et entravant sa mission. Ce jugement semblerait plus honnête que le terme de « débile » souvent employé lorsqu’on parle de Charles VII. En tout cas, et ceci est une parenthèse, si nous nous sentons débiles, Dieu ne nous rejette donc pas pour cela.

Chaque jour, Jeanne va devoir intervenir contre les plans des conseillers du roi qui eux aussi, lassés de la guerre, voudraient maintenant signer la paix. Cela nous montre à quel point ce n’est pas Charles VII qui mène le jeu. Ce n’est donc pas lui qui est allé chercher Jeanne pour l’avoir auprès de lui. Est-ce donc Jeanne qui aurait choisi d’elle même de pousser Charles VII vers le trône pour obtenir des intérêts temporels ? Des gens ignorants de l’histoire ont prétendu qu’elle aurait été la fille naturelle de tel ou tel grand de ce monde de l’époque. C’est ignorer que l’on possède encore l’ enregistrement de son acte de baptême à Domremy. Pour répondre à cela, on sait que Jeanne durant toute sa mission n’a demandé aucun rang, aucun titre, aucune terre. Et pourtant, comme cela lui aurait été facile ! Après le sacre, Charles VII se montre très libéral. La Trémouille et Guy de Laval sont faits comtes, Rais maréchal de France, La Hire, capitaine dans l’armée, reçoit le comté de Longueville.

Nul doute donc que Charles VII ait proposé mieux ou autant à celle qui avait mené l’armée à la victoire. Mais Jeanne aura refusé tout honneur pour elle. Elle ne cherche que la gloire de Dieu et l’honneur de son Christ. Quel désintéressement ! Elle n’agit que pour Dieu, pour accomplir sa volonté.

Les opposants de Jeanne d’Arc disent qu’elle était une fabulatrice, une malade psychiatrique en pleine bouffée mystique délirante, qu’elle a cru entendre des voix, qu’elle s’est persuadée que ces voix étaient de Dieu et qu’elle les a suivies jusqu’au bout ! En un mot, Jeanne ne serait qu’une exaltée. La réponse est simple. Je n’ai jamais entendu dire ou lu dans quelque revue médicale que ce soit, qu’une malade mentale ait pu reconnaître un homme qu’elle n’avait jamais vu, déguisé en vassal parmi 300 autres hommes.

Jeanne aurait-elle été une voyante, un instrument du démon, comme a tenté de le démontrer sans y parvenir l'évêque Cauchon lors du procès qu’il a intenté à la Pucelle. Certes, elle était vierge, mais cela n’empêchait pas l’orgueil. Les religieuses de Port-Royal n’étaient-elles pas pures comme des anges, mais orgueilleuses comme des démons ? Donc Jeanne d’Arc, disent ses détracteurs, aurait été mue par l’orgueil, un très grand orgueil. Ses voix, ce serait de la mégalomanie : pour se mettre en valeur, elle se serait autosuggestionnée, le démon éclairant son esprit pour lui faire reconnaître le dauphin ! Satan aurait continué à l’aider par des locutions intérieures qu’elle aurait prises pour les voix de sainte Marguerite et de sainte Catherine… etc.

Malheureusement pour les adeptes d’une Jeanne possédée, ses voix ne se trompèrent jamais quand elles lui prédirent l’avenir. Or, ni les malades mentaux, ni les voyants, ni les possédés du démon ne connaissent réellement l’avenir. Seul Dieu connaît l’avenir. Or le vendredi 6 mai 1429, ces voix lui ont prédit qu’elle serait blessée à la poitrine au-dessus du sein. Elle l’ annonça avant le combat à Jean Pasquerel, son confesseur : « Levez-vous de grand matin. Ne me quittez pas, car demain j’aurai beaucoup à faire. Il sortira du sang de mon corps et je serai blessée au-dessus du sein. » Ces voix lui prédirent également sa capture et elle les supplia alors de ne pas la maintenir trop longtemps prisonnière.

Par contre, si Jeanne a obéi à Dieu, tout devient clair : son présumé fanatisme n’est que de l’obéissance ; son impatience, de la promptitude à servir son Dieu ; son habit d’homme, une protection de sa virginité car elle vivait parmi des soldats ; ses prédictions : ce que lui révélèrent les voix de saint Michel archange, sainte Catherine et sainte Marguerite ; sa patience lors du procès : l’humilité face au dessein de Dieu à son égard ; son absence de critique envers le roi Charles VII qui l’a abandonnée : son immense charité qui accepte et pardonne tout ; ses réponses enflammées, nettes, claires et sans répliques au procès : l’aide de l’Esprit-Saint.

Jeanne d’Arc est une très grande sainte. Par sa pureté de cœur et de corps, par son obéissance, son humilité et sa charité, elle a atteint un sommet dans la sainteté. L’Eglise l’a canonisée non pas parce qu’elle a accompli une grande mission prophétique et sauvé la France, mais parce que le christ l’a rendue semblable à lui-même. Elle a été trahie, vilipendée, calomniée, enfermée, outragée, moquée sans jamais perdre patience et en pardonnant à tous ses ennemis. Après une défaillance d’une journée où elle a renié ses voix car elle ne pouvait supporter l’idée d’être brûlée : « j’aimerais mieux être décapitée sept fois que d’être brulée»

Elle se soumet à la volonté de Dieu, obéissante jusqu’à cette mort qu’elle jugeait ignominieuse. Ses derniers mots : « Mes voix ne m’ont pas trompée, mes voix étaient bien de Dieu ! … Jésus… Jésus… »

Aujourd’hui tous les peuples, les Anglais en premier, l’honorent comme une grande sainte. Devant ce cœur sans aucune haine, plein de douceur évangélique qui a tout accepté, le succès comme la trahison, les

éloges comme les disgrâces, et l’oubli dans le cœur de Charles VII, comment ne pas remercier Dieu d’avoir porté si haut les vertus héroïques de sa servante et comment ne pas remercier sa servante de ce qu’elle a apporté à la France chrétienne par son abnégation et son obéissance ! C’est un devoir de la prier, c’est une joie toujours plus grande de l’aimer, de la chérir, de la féliciter, de l’écouter, de l’imiter en disant avec elle : « Dieu premier servi » Le Christ et l’Eglise, c’est tout un ».

Soyons certains que ce n’est pas par hasard que sainte Jeanne d’Arc est la patronne secondaire de la France : elle continue de la soutenir dans les heures difficiles, sa mission au Ciel n’est pas terminée.

Bernard GALLIZIA.