EDITORIAL
"Là où souffle l'Esprit"
Existe-t-il dans l'atmosphère des signes annonciateurs qui préparent la venue d'événements exceptionnels?
Le providentiel débouché de Jeanne d'Arc sur la scène de l'histoire fut en effet pressenti, puis salué par ses contemporains comme le signal d'une miraculeuse renaissance française, au moment où tout était perdu.
Dans notre dernier Bulletin (n°140), nous avons entendu l'appel émouvant de Robert BLONDEL, retentissant quatre ans avant la levée de la Pucelle, comme pour réveiller les énergies françaises, à la veille d'un renouveau. Le trouvère semble avoir senti que le temps était venu.
Il faut l'âme sensible d'un poète pour capter, comprendre et traduire ces sortes de messages cosmiques lancés de l'au-delà comme des avertissements.
Quatre ans après le cri pathétique de Robert BLONDEL, voici qu'une autre âme poétique prend le relais pour lancer sur ses rimes enthousiastes, l'annonce du prodige attendu.
Depuis onze ans, une jeune veuve recluse dans une abbaye enclose, prie dans l'attente du secours providentiel, implorant le ciel de venir en aide au Royaume de France dont la fin approche. Elle s'appelle Christine de Pisan.
Et voilà que le miracle surgit, sous les coups d'épée de Jeanne d'Arc, dans ses premières victoires d'Orléans, Jargeau, Meung, Beaugency et le triomphe de Patay où la bergère, avec une faible troupe, écrase en une seule bataille furieuse, deux armées ennemies. Sa fracassante offensive ouvre la route du sacre de Reims, où le ciel va consacrer la souveraineté française en posant devant elle la couronne d'or sur la tête du Capétien-Valois.
Alors, le cœur de la poétesse éclate d'allégresse. Dès Juillet 1429, à la veille du sacre, sa joie retrouvée, son bonheur trop longtemps étouffé, débordent dans les vers inspirés qu'elle lance en hommage à la glorieuse bergère.
Pucelle de Dieu ordonnée
En qui le Saint-Esprit rayonne
A, par miraculeux message
Envoyé l'ange de Dieu
Pour venir au roi en aide
Et moi Christine qui ai pleuré
Onze ans en abbaye enclose
Me prends à rire bonnement de joie
Pour le printemps qui se lève
Et dès lors changerai mon langage
De pleurs en chants
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L'an mil quatre cent vingt neuf
Reprit à luire le soleil
Il ramène le bon temps neuf
Qu'on n'avait vu depuis longtemps
Et cette belle saison que printemps on appelle
Merci à Dieu, est celle désirée
Où toute chose se renouvelle
Passant du sec au vert, le temps est né.
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Chose est bien digne de mémoire,
Que Dieu par une vierge tendre
Ait maintenant voulu, la chose est vraie,
Sur la France si grande grâce étendre.
Et devant elle vont fuyant les ennemis,
Et va la France se désencombrant,
En recouvrant châteaux et villes
Jamais parler n'ouïmes de si grande merveille.
Ce cri d'allégresse s'appelle : " Le dite de Jeanne d'Arc".
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Information
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