Association Universelle des
Amis de Jeanne d'Arc



Statue

Fondée en 1953.

Le général Weygand en assure dès le début, une présidence d'honneur active et efficace.

 

But de l'association

Présenter une image complète et exacte de Jeanne d'Arc dans un esprit strictement culturel

Son action Recherche, Diffusion Liaison avec les pays étrangers


AG de 2000
Jeudi, 05 Avril 2012 12:19





« Un bel hommage à Jeanne d'Arc »





Le 1er juin 1947, lors de la cérémonie commémorative de Jeanne d'Arc, le général de Lattre de Tassigny prononçait à Rouen un hommage d'une telle élévation de pensée, qu'en dépit de son ancienneté et avec l'aimable autorisation de Madame la Maréchale, qui est depuis nos origines Présidente du Comité d 'honneur de notre Association Universelle, nous proposons ci-dessous l'essentiel :



L'histoire est, dit-on, un perpétuel recommencement. Or, rien ne recommence jamais l'histoire de Jeanne d'Arc.



Dans le long déroulement de notre destin national où alternent victoires et revers, joies et douleurs, prospérité et misère, dans la galerie de nos gloires où ont pris place les serviteurs éminents de la Patrie, il n'est aucune figure que l'on puisse rapprocher de sa figure merveilleuse. Bien plus : aucune autre Nation, de par le Monde, n'en honore qui lui soit comparable. Au-dessus de tous ceux dont le passage a marqué la vie des peuples, Jeanne demeure unique, en dehors de la mesure de l'Histoire.



Elle n'était pourtant qu'une fille en tous points semblable aux autres filles de sa Province, une enfant vive et gaie, solide et fine, comme notre race ne cesse d'en engendrer. Elle n'avait ni l'éclat de la naissance, ni l’expérience de l'âge, ni le privilège de la culture, mais seulement l'équilibre, la vigueur, le bon sens d'une vraie paysanne, et la piété profonde et sans exaltation commune à toutes les femmes de son temps. Jeanne, Fille de France : ce titre lumineux et simple qui la résume tout entière souligne bien son exacte ressemblance avec la foule innombrable de ses compagnes inconnues.



C'est elle, cependant, elle la petite paysanne de dix sept ans, ignorante de la vie, de la guerre et de la politique, pure de toute intrigue, étrangère à toute faction, qui réussit là où n'avaient cessé d'échouer les vétérans, les sages et les habiles. C'est elle qui arrive à convaincre de sa mission un prince désabusé et ses conseillers pusillanimes ou jaloux, à entraîner les hommes d'armes découragés, à leur tracer un plan de campagne. C'est elle qui refoule l'envahisseur, jusque là sûr de sa force et orgueilleux de ses succès. C'est elle qui conduit son Roi jusqu'à l'onction du Sacre. C'est elle, finalement, elle, Fille de France, qui bouscule le cours d'une guerre interminable et ouvre à son pays une ère nouvelle de grandeur et de paix.



Non vraiment, il n'est rien qui répète cette aventure incroyable que seuls peuvent s'expliquer ceux qui font de cette petite Française choisie entre mille autres l'instrument docile et bouleversant des desseins de la providence sur notre Patrie.



Instrument docile, certes, mais combien généreux et ardent! On a parlé, on parle encore, on parlera toujours du miracle de Jeanne. Ce mot ne doit pas éveiller dans nos esprits l'idée d'un brusque retour de la fortune, attendu passivement et reçu gratuitement. L'enfant de DOMREMY n'est pas l'archange à l'épée flamboyante à qui il suffit de paraître pour foudroyer ses adversaires. Elle se bat, elle lutte, elle souffre. Elle a pris pour devise « Vive labeur » car elle sait que les lamentations paresseuses sont infécondes et que rien ne se conquiert, surtout pas le redressement d'un pays en danger, sans une somme immense d'efforts et de travail. Elle mérite le miracle. Et quand sa peine l'a enfin obtenu, son labeur n'est pas pour autant terminé. Une douloureuse captivité, un abominable procès, un supplice ignominieux vont lui imprimer le sceau suprême du sacrifice. Alors seulement, l’œuvre sera finie. Celle qui l'a accomplie semble la clore sur 1e plus dramatique échec personnel. Mais c'est par là qu'elle entre dans l'immortalité. Car peut-être sa charmante image ne serait-elle perdue dans les brumes de la légende si les flammes du bûcher ne l'éclairaient à jamais de l'auréole du martyre.