MEMOlRE DU CŒUR
En ce temps-là régnait grande pitié. Le désordre général, la confusion, les menaces inconnues, engendraient peur, paralysie et résignation passive. En ce temps-là ! Et ce temps-là revient bien trop souvent dans le cours de l'histoire, c'est ce temps d'aujourd'hui, ce creux, ce vide où bouillonnent les forces opposées, ce creux qui peut s'ouvrir à l'Espérance si nous gardons nos cœurs enracinés dans la Foi, ouverts à l'Espérance. Le Carême nous y invite. Souvenez-vous .
En ce temps-là, un certain soir de mars,
Dans la citadelle royale de Chinon,
La salle du trône, immobile,
Demeure figée dans l'attente,
Les ombres de la nuit, la lueur des torches,
Jouent sur les parures
Et les sourires contraints
Des seigneurs de la cour
Quelque part, dans le secret de sa peur,
Un roi se dérobe derrière ses courtisans.
Se dérobe derrière ses douloureuses questions,
Derrière un pan d'Histoire qui lui a dérobé
Avec sa couronne son identité.
Roitelet tombé de son nid et qui attend.
Mais attend-il encore, résigné, tourmenté,
Une main secourable, un secours inespéré?
Et tout le peuple, son peuple, se résigne avec lui.
Mais ce soir, peut-être, Dieu va-t-il parler ?
Peut-être ... doute et espoir se partagent son cœur.
Une porte s'ouvre, La fraîcheur printanière
Avec elle est entrée, un parfum nouveau ...
Les regards étonnés, incrédules, se tournent
Vers l'inconnue qui s'avance ...
Un pas confiant, et déjà se fissure le mur d'indifférence,
Un sourire, une lumière, une étincelle,
Une jeunesse oubliée ...
Une prière en marche, une espérance neuve
Libèrent la vie étouffée, enchaînée,
Quand la jeune fille redresse son roi accablé.
II a suffi de ce pas, de cette prière, de cette confiance
Et la Cour de France fait peau neuve en ce carême 1429.
La vie reprend ses droits. Le cœur des pauvres bat
Au rythme des pas de Jeanne, des paroles de Jeanne,
De la Foi de Jeanne. Désormais tout est possible,
Puisqu'elle est là, au rendez-vous de l'Histoire.
Au rendez-vous de Dieu dans l'Histoire.
Au rendez-vous de la Résurrection !
C'était en ce temps-là. C'est encore aujourd'hui. Nous venons d'entrer en Carême. D'y poser nos pieds par un premier pas en ce mercredi des Cendres. Nous nous reconnaissons dans nos fragilités, non pour en être écrasés. Mais, en les tournant vers Dieu, elles sont autant de tremplins pour avancer sur la voie royale qui conduit vers le Christ ressuscité. Résurrection, Vie, Joie engendrées par la prière, le désencombrement de nos cœurs et le partage avec nos frères. Que Sainte Marie et Sainte Jeanne nous conduisent en ce temps de ressourcement de nos vies et le Seigneur agira, sauvera car il est Miséricorde.
« Le Seigneur est ma lumière et mon salut de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie. Devant qui tremblerais-je ? »
Sœur Jeanne-Monique
NB: Sous le même titre, un poème au texte différent mais de Sœur Jeanne-Monique paraissait dans le bulletin n° 153 du 2eme trimestre 1997.
La Rédaction.
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