LES AVATARS DE LA PAROISSE DES BATAILLOTS
(Moulins - Allier)
Complétés par un résumé chronologique, les souvenirs d'un architecte publiés dans la presse locale, nous décrivent l'histoire mouvementée de la paroisse des Bataillots, érigée, supprimée puis rétablie.
Mais depuis 1910, son sanctuaire est dédié à Jeanne d'Arc, quand il est ouvert au culte.
Une autre coupure de presse précise même :
" La chapelle initiale était la première du monde chrétien à être dédiée à la sainte." (1)
Remarquons que, relatant une époque à laquelle l'église n'avait pas encore canonisé Jeanne d'Arc, les journalistes n'hésitent pas à devancer sa décision.
Expression d'une foi profonde ou ignorance ?
NOTE :
(1) A un mois près, la compétition pour le titre de premier édifice religieux dédié à Jeanne d'Arc était remporté par l'église de Lunéville. (cf. bulletin n° 165 - page 22).
IL Y A 60 ANS
"Le projet primitif ne comportait pas seulement la chapelle
telle qu'elle a été réalisée..."
La construction
de la chapelle Jeanne d'Arc
Un article, publié en septembre 1931 dans "Peuple de France - Les Bataillots" (bulletin paroissial des années 1930 à 1946), relate la construction de la chapelle Sainte-Jeanne-d'Arc. Rédigé par Mr E. Clayeux, architecte de la chapelle, il apporte des précisions sur le projet de l'époque et sa réalisation. Nous reproduisons ici de larges extraits de cet article :
"Il y a aujourd'hui vingt-et-un ans, Monseigneur Lobbedey, évêque de Moulins, bénissait et inaugurait la chapelle "Jeanne d'Arc", l'église des Bataillots. Les Bataillots, charmante agglomération, coquette banlieue de Moulins, qui les a vus autrefois ne les reconnaîtrait plus aujourd'hui. Les Bataillots ! où, comme le chantait l'ami Sauroy dans sa revue de Moulins, sur des airs adaptés et orchestrés par l'abbé Chérion, "Les Bataillots ! où le Danube à flots roule ses grandes eaux". Vous diriez aux habitants actuels qu'il n'y a pas plus de soixante ans la rue de la République n'était qu'un ruisseau parfois tumultueux, bordé de quelques maisons, qu'ils ne le croiraient pas ..."
"C'est en 1909, au mois de juin, que M. l'abbé Bujon vint me trouver et me dit : "Mon cher Clayeux, j'ai l'intention de faire construire aux Bataillot une chapelle. Voulez-vous m'aider à trouver un terrain d'abord et vous charger ensuite de la construction de la chapelle?" Nous
nous mîmes donc à la recherche d'un emplacement convenable, situé au centre de l'agglomération et qui fût à vendre. Ce n'était pas chose facile. Le terrain qui répondait le mieux à nos desiderata par sa situation en plein centre et en bordure de la rue de la République (qui s'appelait alors rue Paul-Corne), ce terrain n'était pas à vendre.
Après avoir relaté les démarches concernant l'achat de ce terrain, M. Clayeux poursuit :
"... Nous parvînmes à obtenir une promesse de vente et le 5 décembre, M. le chanoine Crison, vicaire général, bénissait la première pierre de la nouvelle église.
"Le projet primitif, établi sur les indications de M. l'abbé Bujon, ne comportait pas seulement la chapelle telle qu'elle a été réalisée; cette chapelle devait être précédée d'un narthex ou vestibule entouré d'un côté par une grande salle pour bibliothèque paroissiale, de l'autre côté par une salle de catéchisme avec escalier donnant accès à un premier étage. Ce premier étage comprenait une grande tribune donnant sur la nef et, pour le surplus, l'appartement du desservant.
" La façade était surmontée d'un campanile destiné à recevoir la cloche. Le projet était séduisant, mais sa réalisation eût entraîné une dépense qui dépassait les prévisions budgétaires de M. Bujon, qui ajourna à plus tard la construction de la partie antérieure de l'église. L'église devant être consacrée à Jeanne d'Arc, pour laquelle M. Bujon avait une grande dévotion, j'ai tenu à rappeler le plus possible le souvenir de la grande sainte de la Patrie. Au-dessus de la porte d'entrée, c'est d'abord la statue de saint Michel, l'archange envoyé du ciel auprès de l'humble bergère pour qu'elle délivre la France du joug de l'étranger.
"Au faîte de la façade, supportant la croix, c'est l'écusson aux armes de Jeanne d'Arc. A l'intérieur, la statue de la Sainte, revêtue d'une armure d'acier, domine le maître-autel. Les couleurs de Jeanne d'Arc, blanche et bleue, se retrouvent partout, dans le dallage, dans les vitraux, dans les peintures de la voûte et des boiseries.
"Tout en étudiant et réalisant les projets de construction de la façon la plus économique, je me suis efforcé, d'accord avec M. Bujon qui discutait avec moi toutes les questions de détail, de donner à l'ensemble la plus grande unité de formes, je n'ose dire de style. Nous retrouvons les mêmes lignes aussi bien dans le bâtiment lui-même que dans le mobilier, autels, chaire, table de communion, consoles des statues.
"L'œuvre de M. l'abbé Bujon est en partie réalisée, je dis en partie, puisque son rêve et son désir étaient de voir groupés autour de l'église ou alternant avec celle-ci un clocher, un presbytère, une salle de patronage. Peu de temps avant sa mort, il me parlait de faire construire une tribune, en attendant le reste. La maladie, puis la mort, l'ont empêché de réaliser tous ses projets, mais l'œuvre existe et déjà ses continuateurs la poursuivent. Une salle de patronage avec bibliothèque paroissiale a été érigée derrière la chapelle. Avec la bénédiction de Dieu, le reste viendra en son temps..."
7 août 1931.
E. Clayeux, architecte.
DE 1909...
- 1909 : L'abbé Charles Bujon, missionnaire diocésain, décide la construction de la chapelle Jeanne d'Arc des Bataillots.
- 5 décembre 1909 : Pose de la première pierre de la chapelle.
- 7 Août 1910 : Bénédiction de la chapelle par Mgr Lobbedey, évêque de Moulins.
- septembre 1911 : Erection de la paroisse des Bataillots et nomination de l'abbé Bujon comme curé.
- Après bien des difficultés de toutes sortes, l'abbé Bujon quitte la paroisse le 1er décembre 1912, pour redevenir missionnaire diocésain. Le quartier est rattaché à nouveau à la paroisse d'Yzeure.
- La fermeture de la chapelle intervient le 16 Août 1913.
- Pendant la guerre de 1914-1918, la chapelle sert de dépôt.
- 22 février 1928 : mort de l'abbé Bujon
- Après la réouverture de la chapelle, les pères jésuites d'Yzeure se voient confier le ministère pastoral sur le quartier. Retenons plus spécialement les noms des pères Mayet (mort en déportation en Février 1945), Drujon, Talon, Bernard (chargé du quartier de 1932 à 1940), Gonthier (de 1940 à 1948), et Joliot.
- Juin 1931 : Aménagement "en béton" des escaliers reliant la rue de la République à la chapelle.
- de 1930 à 1940 : Construction et agrandissement de la salle, derrière la chapelle.
- Décembre 1942 : réfection de la charpente et de la toiture de la chapelle. Consolidation des murs : "trois forts tirants de sapin, placés à la base des fermes, empêcheront que les murs ne s'écartent, comme cela s'est déjà produit". (Peuple de France, décembre 1942).
- Décembre 1945 : pose du tambour à l'entrée de l'église.
- Septembre 1959 : Erection de la paroisse des Bataillots. M. l'abbé Mathat, vicaire à Yzeure, actuellement responsable de la paroisse Notre-Dame de Mont-luçon, en devient le premier curé. Avant lui, M. l'abbé Bay, vicaire à Yzeure (aujourd'hui curé d'Agonges), était plus spécialement chargé du quartier.
- 1960 : Construction des salles de catéchismes près du presbytère, 4, rue des Cladets.
- 11 Décembre 1965 : Mise en place de l'autel face au peuple et réfection de l'installation électrique.
- 15 Décembre 1968 : Une assemblée paroissiale extraordinaire :
- prend acte du legs Avenier destiné à la construction de l'église;
- renonce à la réparation de la chapelle, en raison des trop nombreuses réparations à
entreprendre;
- décide la construction d'un ensemble paroissial, église, salles, presbytère, afin de tout
regrouper sur le même terrain;
- autorise la paroisse à mettre en vente le presbytère et les salles de catéchisme.
- Le "Journal Officiel" du 3 Mars 1969 reconnaît légalement l'Association pour la construction du Centre Paroissial des Bataillots.
- 19 Octobre 1970 : Démolition de la chapelle et début des travaux de construction de la nouvelle église.
.... A 1970
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