Association Universelle des
Amis de Jeanne d'Arc



Statue

Fondée en 1953.

Le général Weygand en assure dès le début, une présidence d'honneur active et efficace.

 

But de l'association

Présenter une image complète et exacte de Jeanne d'Arc dans un esprit strictement culturel

Son action Recherche, Diffusion Liaison avec les pays étrangers


Jeanne d'Arc dans l'œuvre d'Henri Bouchard
Jeudi, 05 Avril 2012 13:31



JEANNE D’ARC

DANS L’OEUVRE

D’HENRI BOUCHARD



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Monsieur BROCAS, en adressant sa contribution à notre Trésorier, signalait la présence d’une belle statue de Jeanne au Musée BOUCHARD à PARIS.

Qu’il en soit remercié car il m’a permis d’enrichir largement les brèves notions de sculpture que je possédais.

Au salon de 1927, sans avoir été précédemment attiré par le thème de Jeanne d’Arc, Bouchard expose une Jeanne d’Arc au sacre, en plâtre, haute de deux mètres vingt.



J.V.B.



Henri BOUCHARD, que beaucoup d’entre vous connaissent, pour ses oeuvres monumentales parisiennes notamment (tympan de l’Eglise Saint-Pierre de Chaillot, Apollon de la terrasse du Trocadero....), est né à Dijon le 13 Décembre 1875.



- Son père, menuisier, et sa mère, couturière, lui font partager très jeune le goût des belles choses.

- En 1894, il entre à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts, de Paris et part pour la Villa Medicis en 1902, ayant reçu le Premier Grand Prix de Rome de sculpture.

- Mobilisé en 1914 dans les sections de camouflage, où l’on affectait les artistes, il est, de ce fait, souvent en première ligne.

- En 1924, il construit un nouvel atelier à Paris, 25 rue de l’Yvette (XVIème) où il habite jusqu’à sa mort le 30 décembre 1960.



Le Musée Bouchard est cet atelier, conservé en l’état, et entretenu par un des fils de l’artiste et sa femme, devenue conservateur du musée.

- En plus de ses oeuvres monumentales, Henri Bouchard laisse une quantité considérable de

statues de tailles variées et de toutes matières. Il a réalisé aussi bon nombre de médailles dont une de Jeanne d’Arc. (1)



L’explication vient de ce que le sculpteur est en relation avec l’Abbé Couillard, chanoine du Mont-Saint-Michel, pour qui il a réalisé le maître-autel de l’Eglise abbatiale, en 1926.



L’Abbé a vraisemblablement confié à Bouchard l’idée qu’il exprime dans les Annales du Mont-Saint-Michel :

« En 1428, le Mont-Saint-Michel tenait toujours..... Maîtres de toute la Normandie les Anglais levèrent dans le Cotentin et le Bessin un impôt extraordinaire de dix mille livres d’or, destinées à la formation d’une armée de siège, qui s’emparerait enfin de la citadelle montoise.

Or, au printemps de 1429, les Anglais ont d’autres soucis. Voici Jeanne d’Arc.... Orléans est délivrée; le roi sacré à Reims. L’armée de siège ne fut pas formée.

Le 24 Mai 1430, devant Compiègne, Jeanne est faite prisonnière par les Bourguignons, qui tôt après la vendaient aux Anglais pour le prix de dix

Il s’attache surtout à rendre la simplicité de la ligne générale de sa figure imaginée comme une colonne avec l’idée, qu’il aime toujours à souligner, de l’importance de l’adaptation de la sculpture à l’architecture.

Bouchard fut aussi sollicité par l’Abbé Couillard pour une statue de Saint Michel, parlant à Jeanne d’Arc et qui aurait dû lui faire pendant, dans l’Abbaye.

mille livres d’or..., les dix mille livres levées en Normandie.
Jeanne d’Arc payait de sa liberté et de sa vie la délivrance du Mont Saint Michel .... » (2)



Le souci majeur de l’artiste est de trouver une construction monumentale pour accompagner l’architecture sans rompre l’élévation des hauts piliers du XVème siècle du chœur gothique de l’abbaye.



La raison du désir de l’Abbé fixe le choix par l’artiste d’une Jeanne guerrière, triomphante à Reims. Pour accompagner les colonnes il la conçoit longue et droite, presque cylindrique. Il supprime l’ étendard si souvent représenté, pour la montrer en prière, toute tendue vers le ciel dans le même mouvement ascendant que l’architecture.

Cette élévation de l’esprit est accusée par les deux V renversés formés par les bras [coudes au corps, mains jointes, doigts allongés, sous le menton levé] et par le bas de la tunique, [dont les plis en forme de lames tombent sur les talons mais, se raccourcissant progressivement, dégagent devant le tiers inférieur des jambes], lignes brisées qui se répondent en contraste avec les longues verticales de la silhouette générale accentuées par celles des lanières de cuir et de l’épée. Les correspondances de lignes qui rythment une figure sont toujours intéressantes à retrouver et Henri Bouchard aime à multiplier ces relations qui concourent fortement à l’ équilibre bien connu de la composition de ses oeuvres



Un plâtre en sera réalisé, qui en fin de compte restera à l’atelier jusqu’en 1938.



Vous vous lasseriez si j’ en entreprenais la description mais il était absolument dans le style de la Jeanne d’Arc dont nous venons de parler.



Après l’entrée en scène d’une troisième statue, nous allons assister à une métamorphose subtile, très intéressantes à entendre détailler lors d’une visite du musée, en raison de l’esprit dans lequel elle a été réalisée.



En 1932, Henri Bouchard crée un plâtre représentant « Jeanne d’Arc écoutant ses voix ». Loin de la vierge guerrière et inspirée, dont il vient d’être question, c’est l’époque de Jeanne paysanne, douce et gracieuse, au visage harmonieux, au surcot lacé. L’ensemble est tout de simplicité et de finesse.



Le sujet porte au cou une petite croix, suspendue à une chaînette et sur le socle est inscrit : Jehanne d’Arc. Fondue en bronze en 1935, cette statue charmante peut être admirée, maintenant, au Musée de Dijon.



A Venise en 1938, Bouchard expose à la Biennale Internationale d’Art deux plâtres importants, même si l’un est un peu plus petit : l’Ange de l’Annonciation et la Vierge de l’Annonciation qui, bien que séparés, forment un groupe.



Le sculpteur a utilisé sa Jehanne d’Arc écoutant ses voix pour en faire une Vierge de l’Annonciation après l’avoir légèrement modifiée. Les deux jeunes filles sont, au fond, très semblables dans leur étonnement devant la révélation qui vient bouleverser leur vie, révélation faite par un archange. Les attitudes sont tous à fait similaires et l’esprit profond le même, bien que les révélations soient tout à fait différentes. Est-ce que Henri Bouchard n’avait pas pensé aux annonciations des portails des églises gohiques en créant  « le pendant » pour le Mont Saint Michel ? Pour la Biennale de Venise, le thème de Jeanne d’Arc n’aurait pas trouvé la même résonance que chez nous, où elle est connue de tous. Au contraire, les annonciations sont très répandues dans l’art italien et précisément sous cette forme en sculpture depuis les si belles annonciations de Pisano. La transformation est au fond très logique.



A regarder de près ces oeuvres avec cette nouvelle interprétation on s’aperçoit de la disparition de la petite croix au cou de Jeanne, bien que la chaînette soit conservée et de l’effacement de l’inscription du socle qui figurent encore au moment de la fonte en bronze en 1935.



La transformation de Saint Michel en Saint Gabriel n’a pas posé de grandes difficultés car l’essentiel était commun aux deux archanges.



Mon exposé, qui essaye de résumer et de concentrer, fait évidemment disparaître tout le caractère d’inspiration et de sentiments qu’on découvre au Musée, en bref tout le génie de l’artiste.

Sa belle fille, Madame Bouchard, fait ressortir bien mieux cet aspect artistique dans l’article qu’elle a écrit : « Autour de Jeanne d’Arc » (3)



Comme je le lui avais laissé entendre, j’ai hardiment pompé ses idées mais je lui ai aussi parfois emprunté des paragraphes entiers. Les autres renseignements me viennent d’une biographie qu’elle m’avait remise.

Pour ceux d’entre vous qui le pourront, rien ne vaudra évidemment une visite au Musée Henri Bouchard. (4)

NOTES :

(1) Médaille de 1927 : « Jeanne d’Arc au Sacre ». Présentée aux expositions :

- de Madrid . En décembre 1968 : « La Mujer en la medalla ».

- du Musée des Beaux Arts de Dijon. En 1975 : « Henri Bouchard ».

- du Musée Municipal de Boulogne Billancourt. En 1993 : « l’Art Sacré au XXème siècle ».

(2) Annales du Mont Saint Michel 56ème année - N° 3 - Page 45. Nous laissons (dit Marie Bouchard) la responsabilité historique de ce texte à l’Abbé Couillard et ne retenons que sa conviction sur le rôle de Jeanne d’Arc dans la sauvegarde du Mont.

(3) Autour de Jeanne d’Arc - Marie Bouchard Bulletin -  de l’Association des Amis d’Henri Bouchard N° 30 - Mai 1980.



(4) Musée Henri Bouchard - 25, rue de l’Yvette 75016 PARIS - 01.46.47.70.50

- ouvert le mercredi et le samedi de 14h à 19h.mais fermé du 16 au 31 des mois de Mars - Juin - Septembre - Décembre

- Le 1er Samedi de chaque mois à 15h présentation du Musée par le conservateur, Madame Bouchard et présentation de la technique de la sculpture par son mari.