Jeanne d’Arc à Lagny
Cette prière est extraite d’une plaquette intitulée «Jeanne d’Arc à Lagny », tirée à un nombre d’exemplaires très limité, en avril 1956, par l’imprimerie Emmanuel Grevin et Fils, de Lagny-sur- Marne.
Elle nous a été remise par un adhérent de l’Essonne, qui contribue judicieusement à l’enrichissement de notre documentation.
La Rédaction
Le 13 septembre 1429,
Jeanne, blessée devant Paris, fut soignée
près Notre-Dame des Ardents.
Elle y revient le mercredi 29 mars 1430.
Or, ce jour, on a porté devant l’église
un nouveau-né mort sans baptême,
ce pourquoi les prêtres lui refusent la sépulture
en terre sainte.
On supplie Jeanne d’intercéder auprès
de Notre-Dame des Ardents
« j’y allai. Je priai avec les autres…. »
Reine, une mère pleure sur son enfant mort.
Les clercs l’ont écarté. Ils ont fermé l’église
Et banni sans pitié le pauvre petit corps.
Les filles de chez nous vous invoquent en vain,
Mère du Bel Amour, et leur espoir s’épuise.
Ne soyez pas plus dure que leurs cœurs humains !
Est-il si loin le temps où votre main tremblait
Cachant, sur votre sein, votre petit Jésus
Contre la grand’fureur des sbires du palais ?
Or, vous étiez Reine des Anges ! Vous aviez
Sous vos ordres le ciel entier, pour voler sus
A l’ennemi : et cependant vous trembliez…
Que saurai-je répondre à ce peuple angoissé
S’il demande un prodige, à moi, la Pèlerine
De votre Nef, si vous, Mère-Dieu, vous taisez ?
Lorsque j’allais aux champs, dès qu’un agneau blessé
Bêlait à mort, je le serrais sur ma poitrine,
Et pour endormir sa détresse, le berçais.
Je lui disais que si j’étais fille des Cieux,
Je l’eus mené parmi les fleurs, paître aux parvis
Des paradis sacrés ; mais qu’il avait un Dieu.
Si bon, si beau, si grand qu’il saurait l’arracher
A son chagrin. - Ce que, pastourelle, je fis
Ne pouvez-vous le faire, ô Vierge sans péché ?
N’ai-je point obéi, jadis, quand me priait la voix
Dans le secret du Bois-Chenu, disant : « Jeannette,
Il faut partir en guerre au secours de ton roi.
« La France meurt : laisse là tes troupeaux, le pré,
Le toit de tes parents.» - J’étais toute jeunette.
J’ignorais les combats et mon cœur s’apeurait.
Pourtant, je suis partie et j’ai connu Fierbois,
Orléans et Jargeau ! les étendards claquants
Au vent de Loire, et Reims ! et le sacre du Roi !
Or, quand, sous Paris, je connus le souffle amer
De la mort, n’est-ce vous, ô Reine des Ardents,
Qui avez apaisé le tourment de ma chair ?
Las ! ce temps est passé ! mais, ainsi qu’autrefois
Vous écoutiez la voix de votre bergerette,
Je vous supplie encore au nom de cette Foi.
Qui faisait s’émouvoir l’aurore sur le pré,
Et rire de soleil la lande aux pâquerettes :
De consoler la mère au cœur désespéré.
Souvenez-vous du cri des femmes de Rama
Sur la première nuit des Innocents martyrs !
Souvenez-vous, dans le soir infini, des glas.
Qui sonnèrent en vous sur le deuil de Jésus,
Et de la paix ardente que l’on voit fleurir
Au cœur de nos clochers avec les Angelus.
Je sais qu’il vous suffit de puiser dans les mains
De votre Fils en Croix ce que notre prière
Requiert de votre amour : aujourd’hui et demain,
Et jusqu’au jour de grâce où, dessus notre Exil,
Luira votre sourire, ô Vierge de Lumière,
Ainsi soit-il.
Jean Perrin.
« ….Et il y apparut vie
et bailla trois fois,
et puis fut baptisé… »
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