Jeanne d'Arc protège ses Lorrains
Un précédent bulletin (n° 159. Page 16) vous racontait la protection toute particulière, dont avait bénéficié la Basilique du Bois Chenu en Mai 1940.
Un de nos adhérents, dont la belle-famille est originaire de THONNE-LES-PRES (Meuse), nous a donné la photo de la statue élevée à Jeanne d'Arc pour la remercier d'avoir protégé ce village lorrain pendant la guerre.
Or cette marque de pieuse reconnaissance date de 1909. Il s'agit donc de la guerre de 1870 et c'est la bienheureuse qui est ainsi vénérée, puisque la canonisation de la Pucelle date de 1920. Une autre guerre avait déjà trouvé le temps de s'intercaler dans l'intervalle. La statue est dûe au sculpteur Martin PIERSON. Elle a très probablement été fondue à TUSEY, proche de Vaucouleurs.
L'abbé Léoutre dans son ouvrage, admirablement renseigné (1), aborde à plusieurs reprises le cas de Thonne les Prés.
Tout d'abord il nous en décrit la statue :
"A Thonne-lès-Près, Jeanne est en faction à l'entrée du Chemin rural de Montmédy. On lit sur le socle : "A Jeanne d'Arc La paroisse de Thonne-lès-Près 57 bre 1909 l'abbé Ch. Lemoyne, curé Le baron de Benoist, maire L. Baudot, adjoint"…….."
Ayant établi un classement des statues de la région et ayant placé celle-ci dans la catégorie des Jeanne au Sacre, il rectifie ce que le sculpteur n'aurait jamais dû ignorer de l'Histoire :
"A Thonne-lès-Près, l'artiste s'est laissé influencer par la Jeanne de Prosper d'Epinay, qui commet une erreur historique. Revêtue d'un long manteau blanc semé de fleurs de lys, Jeanne porte l'épée tenue devant elle, alors qu'en fait, elle se présente au sacre avec l'étendard et non l'épée. La même faute est relevée sur le chef d'œuvre de Vézien à Douaumont. Au procès de Rouen, les juges demandent à la Pucelle, s'il est vrai qu'elle est allée au sacre "faire adorer son étendard". Il a été à la peine, répond Jeanne, il était juste qu'il soit à l'honneur". Ils ne font aucune allusion à l'épée…."
L'Abbé Léoutre nous cite, enfin, un article de "La croix Meusienne" du 23 Mars 1919, faisant à nouveau état de la protection de la Bienheureuse Jeanne d'Arc, canonisée avant l'heure mais à juste titre comme l'avenir la prouvé, par la journaliste :
Jeanne sous les obus américains
Thonne-lès-Près
Erigée à l'entrée du village en 1909, la statue était prête pour affronter les hostilités. Les habitants l'avaient voulue à cet endroit pour en faire leur seconde patronne. Leur confiance ne fut jamais trompée. Ce village se trouve exposé plus que tous les autres par la proximité du viaduc, et la ligne de chemin de fer, Charleville-Longwy.
En 1917, l'artillerie américaine s'acharna sur lui pour empêcher tout mouvement de troupe. Le 30 octobre 1918, un bombardement par canons à longue portée avec des obus gros calibre le pilonnent. Quelques maisons seulement se trouvent touchées. L'ennemi décide de faire sauter l'œuvre d'art et le charge d'explosifs. Le 10 Novembre 18, un contrordre le sauve.
Au milieu de ces bombardements, le monument toujours fleuri, sera respecté par les Prussiens et par les bombes… La fête est célébrée avec grande ferveur mais les processions sont interdites. Les habitants n'ont jamais manqué d'attribuer cette protection à la sainte, qui devint leur seconde patronne.
La paix revenue, ils placèrent, en ex-voto, et de chaque côté de la vénérable effigie, deux canons allemands de 105 qui disparurent plus tard, on ne sait comment…."
J. de La Ville Baugé.
(1) Etienne Léoutre – "La Meuse Johannique". Pages 125 et 151,152.
Ouvrage en vente chez l'auteur – 15, rue Pasteur – 54700 Pont à Mousson.
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