Association Universelle des
Amis de Jeanne d'Arc



Statue

Fondée en 1953.

Le général Weygand en assure dès le début, une présidence d'honneur active et efficace.

 

But de l'association

Présenter une image complète et exacte de Jeanne d'Arc dans un esprit strictement culturel

Son action Recherche, Diffusion Liaison avec les pays étrangers


Jeanne d'Arc équestre et patriote
Jeudi, 05 Avril 2012 13:13





JEANNE EQUESTRE ET PATRIOTE





Le passage que nous vous proposons évoque la fin de la première guerre mondiale et l'érection d'une statue de Jeanne d'Arc.

Il est tiré d'un mémoire sur Gandrange-Boussange, intitulé "Les grandes heures du siècle", rédigé par Jean-Jacques SITEK et édité par Serge Domini en Décembre 1999.

Nous devons ce texte à Madame GONICHE qui poursuit inlassablement sa quête des statues de Jeanne d'Arc et de leur histoire.

N.D.L.R.





L'Armistice du 11 Novembre 1918 proclama la victoire de la France sur le IIème Reich effondré et par voie de conséquence nos deux provinces, alsacienne et lorraine, retournèrent à la Mère-Patrie. Chaque commune libérée voulut alors marquer cet instant inoubliable par une fête dite " de la délivrance".



Celle de Gandrange-Boussange eut lieu le mercredi 4 Décembre. Ce jour-là, toutes les maisons furent "richement pavoisées de drapeaux, guirlandes et de corbeilles de fleurs", des arcs de triomphe furent dressés aux trois routes menant à Gandrange. A 9h45, au milieu des villageois en liesse, une délégation composée du maire et de son conseil, de représentants sous-préfectoraux, de petits garçons et filles en costumes lorrains, accueillit une section de poilus aux ordres du lieutenant Arnould du 151ème R.I. en cantonnement à Amnéville. La "Fanfare des Pompiers" de Gandrange rehaussa la cérémonie, laquelle, après les accents vibrants de La Marseillaise, s'acheva à l'église par une messe d'action de grâces et une promesse : celle d'édifier une statue à la gloire de Jeanne d'Arc.



Dans l'euphorie 7000 francs furent recueillis "qui vinrent augmenter les cotisations volontaires, les sommes provenant des concerts, des tombolas, etc."(1) A cette occasion, le comité de la "Fanfare des Pompiers" décida de la rebaptiser en "Société de Musique de Jeanne d'Arc", laquelle reçut son nouveau drapeau le 14 Novembre 1920.

Jeanne d'Arc, béatifiée en 1909, unificatrice des Français dans la préparation de la guerre ; mobilisée durant la Grande Guerre ; victorieuse, salvatrice une seconde fois de la France. Devenue la sainte protectrice de notre pays avec fête nationale (1919) ; canonisée par l'Eglise (1920), sainte patronne de la Lorraine et même du souvenir Français : chacun de nos villages désannexés voulut fêter Jeanne d'Arc ! En somme Gandrange y pensa presque avant tout le monde !



Dans l'attente de la construction du monument (oeuvre de P. Lumière, artiste aux Ets Val'Osne, fondeur à Paris), le clocher retrouva le 17 Avril 1921 (jour de la bénédiction) ses deux cloches volées par les Allemands en 1917. L'une fut dédiée à Notre-Dame-de-la-Paix, l'autre bien sûr à Jeanne d'Arc.



Enfin arriva le grand jour de l'inauguration, le dimanche 12 Juin 1921. Après un défilé sans fin qui remonta la Grand'rue pavoisée (devenue rue de Verdun), défilé auquel se joignirent de nombreuses sociétés musicales, patriotiques ou autres, la foule parvint au cœur du village. Face à la merveilleuse petite église rurale gothique (XVème siècle), les yeux s'écarquillèrent à la vue de l'impressionnante statue équestre de Jeanne d'Arc sur son fougueux coursier cabré, brandissant haut et ferme son étendard. (2)



Tel saint Michel terrassant le dragon, Jeanne faisant triompher la France (le bien) sur l'Allemagne (le mal). Jeanne la Lorraine délivrant nos provinces. Symbole, mythe vivant pour toute la vallée de l'Orne après quarante-huit années d'annexion, de résistance à la germanisation, à l'école de Jeanne d'Arc, de son patriotisme catholique et victorieux.



Devant cette foule immense venue de toute la vallée, le chanoine Collin chantre du catholicisme patriote durant l'annexion, glorifia Jeanne d'Arc "voyante, guerrière, martyre". La leçon de Jeanne complétant si bien la "leçon et le sacrifice de nos morts".



M. Lucien François, maire de Moyeuvre, délégué du Souvenir Français, fut très acclamé après son allocution "toute vibrante de foi patriotique". M. Lateix, délégué général de la sous-préfecture de Briey (ancien morceau non annexé du département de la Moselle) évoqua l'"élévation morale de l'Oeuvre et la bravoure du soldat français à travers l'histoire".



Le sous-préfet, M. Phelizon, rappela le sacrifice des "combattants de Verdun, tandis que le général Hirschauer, après avoir discouru sur le "miracle de Jeanne (...), soldat, capitaine, moralisatrice", narra les "leçons" exprimées par le monument aux Morts pour les habitants et les visiteurs. (3)



Un monument-ossuaire puisque l'on y déposa les restes mortels des défunts gandrangeois retrouvés dans le comblement de l'ancien cimetière jouxtant jadis l'église. Un monument dont les parties latérales du socle portèrent en avant les armes de Jeanne et en arrière les noms de Jost (le maire), Lallier et Dubois (l'ancien curé et son successeur). Un monument aux Morts sur lequel fut gravé le nom des "enfants de Gandrange" tombés au champ d'honneur de la Grande Guerre : sept dans les rangs français, six sous l'uniforme allemand.



Enfin dans la soirée, sociétés musicales et fanfares se relayèrent devant l'édifice, enchantèrent les auditeurs et achevèrent une "journée si plaisante de charmes printaniers, de foi et d'espérance patriotique".



Epargné durant la guerre de 1939-1945 par les nazis, non par le coffrage de bois dont on entoura le monument, mais parce que l'occupant vit en Jeanne d'Arc l'ennemie des Anglais, l'édifice commémoratif de Gandrange est sans conteste l'un des plus prestigieux de Lorraine.

(1) Journal Le Lorrain - 12.12.1918

(2) Le cheval cabré évoquant en principe un héros mort au combat

(3) Journal Le Lorrain 14.06.1921.