Ode à Jeanne d’Arc
Monsieur Bernard Gallizia, membre de notre “Association Universelle” nous adresse de Belgique cette “Ode à Jeanne d’Arc”, exprimant le sentiment délicat que lui inspire la Pucelle.
“Le silence des cieux”! …Quel mot terrible, chargé hélas de vérité! Comment le comprendre ? …Comment l’admettre ? …Seuls Jésus et Jeanne qui le comprirent et l’admirent pourraient nous l’expliquer.
Devant ce silence des cieux, nous disons tous comme Clovis à Ste Clotilde lui récitant la Passion: “Ah! …si j’avais été là avec mes guerriers! “Où était donc ce jour la “la Justice
Jeanne d’Arc, Vierge amie, pure enfant de Lorraine,
A peine avais-tu quitté tes parents bien aimés,
Délaissant tes amis et surmontant ta peine,
Implores le Dauphin d’aller avec l’armée.
Tu ne crains pas du tout les docteurs de Poitiers,
Ni nobles capitaines au sang royal de France ;
Tu sais bien te jouer de leurs propos altiers
Toi dont la vérité met à jour ce qu’ils pensent.
Combien tu as aimé, belle vierge sans fard,
Ton superbe étendard, peint en cité de Tours,
Sur lequel tu voulus voir placés, sans détour,
Les saints Cœurs transpercés du sombre et même dard.
L’artiste qui le fit nommé Hauves Poulnoir,
Suivant ta volonté, au dessus transcrivit
Les noms des saints que tu voulais y voir :
Jhesus et Maria, les prénoms de ta vie.
A Blois, ta grande armée dûment ravitaillée,
Tu veux, près de Marie, solliciter de l’aide.
C’est à saint Saturnin que tu viens pour prier
L’antique et renommée Notre-Dame des Aydes.
Fervente d’unité, tu pries Jean Pasquerel
De te confectionner une enseigne sur l’heure,
Où serait élevée la Croix du Christ Sauveur,
Pour guérir ton armée de ses vaines querelles.
L’église Saint-Sauveur eut le très grand honneur
D’être le lieu choisi pour bénir ta bannière ;
Les prêtres réunis conduisaient la prière,
Et le peuple de Blois répondait d’un seul cœur .
Au Ordres religieux des Frères mendiants,
Tu confias le sort de tes fiers combattants,
Voulant, conformément à un ancien usage,
Qu’en soldats de Jésus, franchement ils s’engagent.
Suppliant l’Esprit-Saint, gardien de ta mission,
Au milieu des enfants qui t’acclament à l’envi,
Quittes Saint-Nicolas, en lente procession,
Et vas sur Orléans, l’étape de ta vie.
Dès le huit mai passé, par grands galops sur Blois
Tu remercies Marie, noble Vierge des Aydes.
Invitée par les clercs avec les gens de loi,
Tu fêtes le succès obtenu par son aide.
Tu restes quelque temps pour soigner ta blessure,
Puis le gentil Dauphin, à Chinon, tu rencontres
Et lui clames ta joie d’avoir ôté sa honte
En ville d’Orléans, selon prédiction sûre.
Par grandes chevauchées, tu le conduis à Reims
Où tu peux contempler, levant haut ta bannière,
La Cathédrale où Dieu élevant un grand prince
Du chrême saint oignant l’ancien banni d’hier.
L’archevêque Régnault au bras du roi se tient,
Et, unis avec eux, petits et grands de France
Savourent la vraie joie, après tant de souffrance,
De partager ta foi, de t’offrir leur soutien.
Ce fut là que tu eus la vraie satisfaction
D’avoir, par ce haut fait, accompli ta mission.
Le Père, maintenant, reçoit ton oblation
D’aller, avec son Fils, gravir le mont Sion.
Car tune pouvais pas, de victoire en victoire,
Sans cesse batailler du matin jusqu’au soir.
Jeanne, si tes succès venaient vraiment de Dieu,
Tu devais devenir semblable au Fils de Dieu.
Lorsque. arriva le temps où tu fus prisonnière,
Vendue à l’ennemi, Humiliée et trahie,
Huée et maltraitée, mais ton cœur en prière,
Rendue conforme au Christ, nul être n’as haï.
Envers Dieu, n’as conçu ni aigreurs ni reproches,
Tandis que du bûcher, très digne tu t’approches.
Quand les flammes soudain s’élancent vers le ciel,
“Jésus, Jésus, Jésus”, est ton cri essentiel.
Si tes amis dévots t’importunent parfois,
C’est bien pour obtenir ton amour et ta foi ;
Et redire avec toi, en toi, et à l’envi :
“Béni soit Jésus-Christ, et Dieu premier servi.”
Bernard Gallizia.